D'un entre-soi permissif à un sport inclusion : le cas du roller derby français.
Auteur / Autrice : | Orlane Messey |
Direction : | Christian Vivier, Audrey Tuaillon demésy |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du sport |
Date : | Soutenance en 2024 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Culture, Sport, Santé, Société |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Gibout |
Examinateurs / Examinatrices : Christian Vivier, Audrey Tuaillon demésy, Laurent Sébastien Fournier, Nathalie Gauthard, Philippe Liotard, Frédérique Roux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Sébastien Fournier, Philippe Liotard |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le roller derby est une discipline sportive américaine, apparue en France en 2009. Sa diffusion en Europe est notamment liée au film Bliss qui contribue à la popularisation de cet ancien sport, recréé en 2001 aux abords des milieux musicaux alternatifs du Texas. Le roller derby simplante en France à partir dun modèle de pratique carnavalesque, à travers lequel les équipes se plaisent à détourner les codes du sport mainstream. De plus, celles-ci tendent à sorganiser initialement autour de la logique punk do it yourself (DIY), qui consistent à refuser les logiques capitalistes en privilégiant lautogestion. Dix ans après lapparition de cette pratique en France, ce travail de thèse en sciences du sport entend comprendre la structuration du roller derby face au modèle sportif « traditionnel », mainstream. À partir dune approche sociologique et ethnographique, il sagit dinterroger la manière dont le roller derby français parvient à se structurer en dehors des cadres dominants. Le constat dune euphémisation évidente des marqueurs subversifs et ladoption des codes du milieu sportif fédéral suggèrent linscription dans la pratique dans un processus de sportivisation. Pourtant, celle-ci nest pas ici synonyme dune récupération par les instances sportives. Cette normalisation de la pratique prend place, au contraire, au sein même des équipes. En mobilisant les cadres de linteractionnisme symbolique, cette recherche met en lumière le rôle joué par les actrices de la pratique au cours de cette sportivisation et les manières dont celle-ci négocient un cadre de pratique articulé entre détournement et appropriation du modèle sportif dominant. Lenjeu principal est ainsi de montrer le passage dune pratique dite « permissive » à un sport « inclusif ». Si les joueuses défendent aujourdhui leur place sur les terrains du sport mainstream, laffichage dune inclusion des minorités de genre sest progressivement substitué aux marqueurs carnavalesques de subversion des codes sportifs. À mesure que les équipes quittent les « marges » du sport pour investir ses institutions, la subversion laisse place à linclusion, comme un ultime insigne de distance vis-à-vis du centre du milieu sportif. Néanmoins, des équipes continuent de résister au poids du modèle compétitif. À celles qui semparent de nouveau du DIY comme dun moyen dorganiser autrement la pratique sportive (sans hiérarchie, de manière horizontale), dautres choisissent de privilégier le folklore comme mode de résistance à lhomogénéisation de la pratique.