Les nouvelles routes de la soie et l'inquiétude d'un néo-impérialisme de la Chine: éléments de technologies politiques
Auteur / Autrice : | Hans Gerold Sorhel Moukagni moukagni |
Direction : | Raphaël Porteilla |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 20/05/2025 |
Etablissement(s) : | Dijon, Université Bourgogne Europe |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de REcherches et d'études en Droit Et Science POlitique |
Jury : | Président / Présidente : Guy Rossatanga-rignault |
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Porteilla, Yves Poirmeur, Mamoudou Gazibo, Hélène Tourard | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Yves Poirmeur, Mamoudou Gazibo |
Résumé
En 2013, Xi Jinping accède à la tête de la République populaire de Chine (RPC) et lance un slogan qui deviendra le fondement de sa politique étrangère : le ''rêve chinois'' (Yi dai lu). Pour concrétiser cette vision, il initie le projet des Nouvelles Routes de la Soie (BRI), un ambitieux programme mobilisant plus de 1 000 milliards de dollars dinvestissements. Ce projet sapparente, selon certains analystes, au Plan Marshall. En tenant compte des dimensions politiques, économiques et géopolitiques quil implique, de nombreux experts estiment que la BRI sinscrit dans une grande stratégie visant à permettre à la Chine de bouleverser le statu quo international et de se positionner comme la puissance dominante du XXIᵉ siècle. Deux grands courants interprétatifs cherchent à éclairer cette stratégie et les ambitions de la Chine en matière de distribution de puissance mondiale : le courant matérialiste du hard power et le courant idéationnel du soft power. Le premier soutient que la BRI représente une stratégie globale de Pékin pour étendre son influence à léchelle mondiale et supplanter les puissances occidentales, en sappuyant sur une puissance militaire croissante et la robustesse de son économie. Le second, bien que similaire, interprète la BRI comme un instrument de diffusion de la vision du monde, des valeurs et de la culture de la Chine, visant à orienter les autres acteurs internationaux pour quils agissent dans lesprit de Pékin, tout en adoptant son image. Face à ces deux approches, la thèse propose une analyse des technologies politiques, ou technologies de puissance. Cette nouvelle approche théorique en relations internationales repose sur lanalyse du pouvoir développée par Michel Foucault. Elle soutient que, sur la scène mondiale, les États cherchent à influencer le comportement des autres par des moyens discursifs, en exploitant des mécanismes de pouvoir aussi bien matériels quidéels, afin de modeler à la fois les corps et les esprits. En sappuyant également sur la notion de pouvoir symbolique de Pierre Bourdieu, cette approche met en lumière plusieurs concepts : la lutte doxique, représentant le conflit entre idéologies révisionnistes et occidentales ; les lieux communs, qui agissent comme espaces de convergence ; et le capital symbolique, qui constitue les ressources accumulées par un État pour influencer les comportements présents et futurs des autres acteurs. La thèse pose lhypothèse que, par le biais de la BRI, la Chine transforme les relations sociales de domination sur la scène mondiale, sappuyant sur un contexte historique marqué par une crise de légitimité des puissances occidentales. En exploitant cette brèche, la Chine propose son modèle de consensus de Pékin, qui se positionne comme une alternative au consensus de Washington. Ce modèle politique et économique tend ainsi à simposer dans le monde en développement, incarné par le concept de Sud Global.