Thèse soutenue

Evénements à forts impacts socio-économiques : caractériser les dynamiques socio-hydro-climatiques passées pour prévenir les catastrophes futures : Le cas des inondations de l'Arve (Haute-Savoie) de 1850 à 2015

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Auteur / Autrice : Eva Boisson
Direction : Isabelle RuinEmmanuel Garnier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie Physique et Environnementale
Date : Soutenance le 13/06/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des géosciences de l'environnement (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Sandrine Anquetin
Examinateurs / Examinatrices : Maria Héléna Domingues Ramos, Johnny Douvinet, Céline Barrère-Lutoff
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Marc Antoine, Sylvia Becerra

Résumé

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Le bassin versant de l’Arve se situe dans les Alpes du Nord françaises. Du fait des inondations passées, de sa dynamique économique et touristique sources d’une forte exposition, de la concentration du tissu urbain, ainsi que de la variabilité des dynamiques hydrologiques, c’est un terrain d’étude pertinent pour étudier les événements hydrologiques extrêmes. Cette thèse appréhende la notion de risque et d'événements hydrologiques à forts impacts sociaux par une approche croisée des dynamiques naturelles (aléa) et sociales (exposition, vulnérabilité, représentations) sur le temps long. L'étude de la base de données des impacts historiques des inondations dans la vallée de l'Arve (HIFAVa) de 1850 à 2015 est indispensable pour comprendre l'occurrence des inondations à long terme et les impacts socio-économiques associés, en relation avec les changements dans les composantes du risque d'inondation.L’analyse de cette base de données montre que les affluents torrentiels sont responsables des deux tiers des impacts. A partir des années 1920, on remarque une multiplication du nombre d’impacts enregistrés. Trois hypothèses ont été élaborées pour expliquer cette hausse : un accroissement de la fréquence des évènements hydrologiques provoquant des impacts ; un effet des sources historiques ; une augmentation de l’exposition et de la vulnérabilité du fait de la croissance démographique et de l’affaiblissement de la mémoire des évènements passés.L’hypothèse de l’augmentation de la fréquence des évènements hydrologiques responsables d’impacts ne peut pas expliquer l’augmentation des impacts, du moins avant 1990. La fréquence des évènements hydrologiques ayant causé des impacts n’évolue pas de manière significative avant les années 1990.En raison de la montée en puissance du service de restauration des terrains en montagne, qui devient la source principale d’informations de la base de données à partir des années 1930, il existe un effet de sources indirect. Le développement, au début du XXe siècle, de ce service responsable de la gestion et de la surveillance des affluents torrentiels peut expliquer la prédominance des petits affluents dans la base de données.La vallée de l’Arve connaît une forte urbanisation due à une importante croissance démographique avec, notamment, à partir de la première moitié du XXe siècle l’arrivée de résidents ignorant les risques historiques et actuels de la vallée. La perte de la mémoire des évènements passés entraîne une évolution de la perception du risque.Cette troisième hypothèse a été approfondie par l’étude de la mémoire des évènements et de son influence sur la vulnérabilité des sociétés. La mémoire collective a été abordée grâce à la réalisation d’entretiens individuels semi-directifs auprès d’habitants, d’individus vecteurs de transmission de la mémoire et de gestionnaires du risque d’inondation dans cinq communes (Bonneville, Chamonix, Saint-Gervais-les-Bains, Le Grand-Bornand et Sixt-Fer-à-Cheval). Ils permettent une analyse et une comparaison de la mémoire des évènements et de la perception du risque inondation ainsi que de sa gestion sur ces communes. A cette occasion, sont recensés les évènements qui restent en mémoires et leurs caractéristiques (évènements vécus, violents ou dont la connaissance a été transmise de manière intergénérationnelle) ainsi que les traces qu’ils laissent dans la société (pratiques héritées, traces dans le paysage et dans la mémoire collective) sont identifiées. Le lien entre l’expérience ou la non-expérience du risque et la perception du répondant a été questionné. Il a été possible de mettre en lumière une inégale représentation du risque, parfois même dissonante, chez les habitants et les acteurs de la gestion du risque. Enfin, les vecteurs de transmission de la mémoire ont été identifiés ainsi que des facteurs pouvant expliquer la perte ou la persistance de la mémoire.