La forosphère littéraire. Histoire, sociabilités et poétique des écrivain·es de la génération Y sur les forums d’écriture (2005-2024)
Auteur / Autrice : | Marie-Anaïs Guégan |
Direction : | Gilles Bonnet |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Lettres mention langue et littérature françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 14/11/2018 Soutenance le 15/11/2024 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Mots clés
Résumé
Les forums d’écriture voient le jour au milieu des années 2000, au moment de l’essor d’un web plus accessible grâce aux outils logiciels clefs en main proposés aux internautes. Ils accueillent alors la génération Y des écrivains, encore adolescente, qui y invente sa propre forme de sociabilité et y fait converger les éléments de sa culture littéraire et médiatique dans des formes d’écriture proches du jeu de rôle. L’objectif de cette thèse est d’écrire l’histoire de ce que nous appelons la forosphère littéraire, cette nébuleuse de forums qui existe toujours aujourd’hui, quoique plus restreinte puisque concurrencée par les réseaux sociaux et les plateformes propriétaires dédiées à l’écriture. Comment les écrivains de la génération Y font-ils groupe en l’absence des corps ? Quels imaginaires sociabilitaires convoquent-ils pour rendre compte de l’intense activité de création et d’entraide qu’ils déploient ? Quelle fonction les forums occupent-ils dans leur trajectoire de formation, puis de consécration dans le champ littéraire ? Comment les contraintes spécifiques du format forum interagissent-elles avec la culture de la génération Y pour se faire le creuset d’une poétique spécifique ? En plein cœur de la culture de la convergence, les forumeurs investissent volontiers des espaces fictionnels qu’ils créent grâce aux propriétés logicielles du forum : l’arborescence est le lieu où s’écrit la topographie de mondes imaginaires, le profil se voit investi d’une écriture du personnage. Les forumeurs, cénacliers du web, créent des profils de fiction comme autant d’hétéronymes numériques ; leurs identités alternatives se démultiplient dans une forme de jeu de société lettré mondain. Les écritures s’inscrivent dans un flux temporel et conversationnel resserré, celui de l’agora forumique ; polylogales, elles tissent un réseau complexe d’intrications transtextuelles. Écrire sur un forum, c’est n’écrire jamais seul ; c’est, souvent, écrire à plusieurs et transformer l’architecture forumique en matrice à pistes narratives.