Thèse soutenue

Des femmes canon : les policières de séries télévisées entre normalité et normativité. Analyse socio-démographique de la population des séries policières, entre recomposition et subversion des normes de genre

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Auteur / Autrice : Mathieu Arbogast
Direction : Sabine Chalvon-DemersayCarole Brugeilles
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 04/03/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Michel Bozon
Examinateurs / Examinatrices : Michel Bozon, Éric Macé, Sarah Sepulchre, Karim Hammou, Sandra Laugier, Florence Maillochon
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Macé, Sarah Sepulchre

Résumé

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« L’accès des femmes à la violence légale » dans la police est symbolique d’un progrès de l’égalité professionnelle et d’une évolution des normes de genre. En outre, les séries policières sont un programme populaire par excellence et omniprésent dans la programmation de Prime Time, ce qui en fait un observatoire privilégié de ces évolutions. Cette thèse étudie la représentation des policières dans un corpus de 36 séries diffusées en France, l’approche socio-démographique permettant notamment une analyse longitudinale des évolutions de cette population particulière au fil des saisons. La thèse repose notamment sur le concept de HST, « Héros de Série Télévisée », entité hybride qui combine des caractéristiques du personnage et de son interprète. C’est d’abord une forte asymétrie de genre qui structure le corpus : les femmes ont moins de rôles que les hommes, les occupent moins longtemps, y accèdent presque systématiquement jeunes et minces alors que les hommes sont recrutés à tout âge et avec toutes les silhouettes. Ce marché du travail dual se double d’inégalités de genre, en particulier les couples fictionnels unissent généralement une actrice avec un acteur beaucoup plus âgé qu’elle incarnant un supérieur hiérarchique. Le corps occupe une place centrale dans cette asymétrie, et pour le décrire un appareil multivarié a été déployé, notamment pour approfondir la catégorisation ethno-raciale sans la réifier, dans une perspective intersectionnelle. Les femmes sont fortement érotisées par différentes techniques (dénudement, talons...), confirmant dans l’ensemble l’hypothèse d’un « male gaze » qui ajoute une nouvelle inégalité de genre. Les policières de séries ne se distinguent pas des hommes en revanche, ni par les grades qu’elles occupent dans la hiérarchie, ni par leur recours aux armes et à la violence physique. Elles ne sont pas moins héroïsées que les HST hommes. Dans l’ensemble, bien qu’elles soient des policières accomplies les femmes sont largement distinguées des hommes par une série d’inégalités, même si la diversité entre femmes et entre hommes ne doit pas être négligée. On ne peut donc parler d’une « inversion du genre » ou d’une disparition des catégories de féminité et de masculinité, mais plutôt d’une recomposition de « l’ordre de genre ».