Thèse soutenue

Étude et prospection physicochimique d'un pigment historique de la Manufacture Nationale de Sèvres : Le Bleu Thénard

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Christelle Chauffeton
Direction : Gilles Wallez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie des Matériaux
Date : Soutenance le 16/12/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique et chimie des matériaux (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche de chimie Paris - Institut de recherche de chimie Paris
établissement opérateur d'inscription : École nationale supérieure de chimie (Paris)
Jury : Président / Présidente : Christophe Colbeau-Justin
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Sciau, Nicolas Dupré, Gwenaëlle Rousse, Atika Chemmi
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Sciau, Nicolas Dupré

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

À travers ses 280 ans d’histoire, qui ont vu le développement de la chimie et de la minéralogie, la Manufacture de porcelaines de Sèvres a acquis un savoir-faire et développé une palette de pigments unique. Lors de cette thèse en collaboration avec la Manufacture, nous nous sommes intéressés à un de ses pigments emblématiques, le Bleu Thénard CoAl2O4. Ce composé à structure spinelle pose des problèmes de coloration et d’instabilité lors de son intégration dans une glaçure de porcelaine, encore mal compris aujourd’hui. Nous avons revisité la synthèse de Thénard, pour des compositions variant entre CoAl2O4 et G-Al2O3 et étudié leurs différences en termes de structure et de réactivité avec une glaçure de petit feu. La structure cristalline de chacun des échantillons a été résolue, mettant en évidence deux solutions solides de type spinelle Co1-xAl2+2x/3O4 pour 0 < x < 0.45 et 0.85 < x < 1, séparées par un domaine diphasé où coexistent deux phases spinelles : Co0.55Al2.3O4 et Co0.15Al2.57O4 (proche de G-Al2O3). Cette dernière est instable thermiquement et donne à haute température l’alumine A. Le lien entre les structures, les taux d’inversion, les degrés d’oxydation du cobalt et la couleur sont discutés.Concernant les peintures, quelle que soit la température de calcination ou la composition initiale, nous observons un phénomène de dissolution, suivi de la recristallisation de la phase CoAl2O4 stœchiométrique. Les pigments appartenant au domaine diphasé sont ceux pour lesquels la part de cobalt dissous dans le verre est minimale, le “sacrifice“ de la phase de type G, entièrement dissoute, permettant de préserver le pigment. Néanmoins, une trop forte proportion d’alumine entraîne la formation de cristaux d’Al4B2O9 ; cette dévitrification est préjudiciable à l’aspect de la glaçure.La présence de Co3+ au sein des pigments supposés stœchiométriques ou calcinés à basse température donne une couleur vert/noir indésirable par transfert de charge. De plus, lors du passage en peinture, une faible proportion de Co2+ devient Co3+. La spectroscopie XANES et les mesures DANES ont été utilisées pour déterminer l’environnement de Co3+, au sein du pigment ou dans la matrice vitreuse. Nous avons observé une différence de réactivité entre les alumines G et A avec la glaçure. Pour comprendre ce phénomène plus en détail, des glaçures contenant des taux variables de ces alumines ont été étudiées par Diffraction aux Rayons X et par Résonance Magnétique Nucléaire. Forts de nos résultats, nous avons voulu développer de nouvelles couleurs pour porcelaines et avons synthétisé des pigments de type CoZr4(PO4)6 et CuZr4(PO4)6.