Thèse soutenue

Modélisation de l'évolution microstructurale et du gonflement des structures internes des réacteurs nucléaires

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Auteur / Autrice : Miroslav Fokt
Direction : Thomas JourdanJean-Marc JoubertGilles Adjanor
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 08/11/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Service de recherches de métallurgie physique (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 201X-2023) - Électricité de France‎. Division Recherches et développement‎. Département MMC - Institut de Chimie et des Matériaux Paris-Est (Thiais, Val-de-Marne)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Frederico Garrido
Examinateurs / Examinatrices : María Jose Caturla, Laurent Pizzagalli, Andrée De Backer
Rapporteurs / Rapporteuses : María Jose Caturla, Laurent Pizzagalli

Résumé

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Dans le cœur des réacteurs à eau pressurisée (REP), les structures internes en acier inoxydable austénitique (AIA) sont soumises à des conditions pouvant entraîner une dégradation de leurs propriétés. Les phénomènes de vieillissement dépendent de la fluence, du flux, de la température, de l'environnement, de l'état initial, mais aussi de la production d'hélium et d'autres facteurs, qui sont très variables dans les structures internes. L’étude des mécanismes modifiant la microstructure sous irradiation neutronique est complexe. Les données expérimentales sur le gonflement des AIA dans les REP sont limitées. En effet, les matériaux exposés à des doses élevées sont des matériaux très actifs, ce qui rend l'expertise de la microstructure très compliquée, coûteuse et limitée à des doses moyennes. La dégradation par gonflement dû aux cavités, couramment observée dans les réacteurs à neutrons rapides fonctionnant à des températures et flux plus élevés sans présence d'hélium, présente un intérêt particulier. Dans les REP, il est difficile de mesurer expérimentalement le gonflement, car les cavités souvent ont une taille correspondant à la limite de résolution classique des MET, soit environ 1 nm. Pour mieux comprendre l'évolution de la microstructure à des doses importantes, une approche de champ moyen telle que la dynamique des amas (DA) est couramment utilisée. L'une des faiblesses des modèles DA actuels est le traitement de l'hélium et des précipités de phase secondaires, tel les carbures. Pour aborder l'effet de l'hélium, un modèle à gap variable (MGV) est adapté et paramétré sur des données produites par dynamique moléculaire dans le nickel. On s'attend à ce que le comportement des bulles d'He dans le nickel soit similaire à celui des alliages CFC à base de Fe. Le MGV est ensuite implémenté dans le modèle "IVS" du code DA "CRESCENDO", puis utilisé pour analyser la cinétique de croissance des bulles d'He dans diverses conditions. Pour explorer l'effet des précipités secondaires sur le gonflement, nous étudions d'abord l'évolution des carbures accélérées par irradiation à l'aide du logiciel "Thermocalc". Ensuite, l'évolution obtenue des précipités est utilisée dans le modèle IVP de CRESCENDO, qui peut traiter à la fois les précipités cohérents qui agissent comme sites de recombinaison et les précipités incohérents qui peuvent agir comme sites de germination pour les cavités. L'analyse du modèle IVS a montré qu'il n'y a presque aucun effet du taux de production d'He jusqu'à 25 He appm/dpa entre 300 et 360°C et la courbe température-gonflement semble suivre la tendance attendue de "courbe en cloche". Les résultats du modèle IVP, considérant les précipités secondaires mais sans hélium, montrent que la présence de précipités incohérents qui agissent comme des sites de germination pour les cavités peut affecter le gonflement. Le pic de gonflement à 550°C est décalé à environ 420°C. De plus, cela entraîne une modification de l'amplitude de gonflement en fonction de l'énergie choisie pour la liaison de la lacune au précipité. Même si le modèle DA est capable de reproduire raisonnablement les cavités visibles, les boucles de dislocation sont plus petites et plus nombreuses par rapport aux valeurs observées expérimentalement. En général, les densités totales d'amas de défauts sont très élevées, et elles sont très probablement induites par le terme source - une entrée de simulation qui introduit des défauts créés dans la cascade à partir de neutrons incidents. La taille et la forme du terme source peuvent avoir un impact énorme sur l'évolution de la microstructure. Pour des prédictions plus précises, un calcul du terme source plus abouti et la mise en œuvre du mouvement 1D pour les boucles et leur interaction avec d'autres amas et puits seront nécessaires.