Thèse soutenue

Interactions Norovirus-Hôte au cours de Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin

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Auteur / Autrice : Georges Tarris
Direction : Laurent MartinGaël Belliot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Médecine, biochimie, biologie cellulaire et moléculaire, physiologie et nutrition
Date : Soutenance le 28/10/2021
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions hôte-greffon-tumeur et ingénierie cellulaire et tissulaire (RIGHT) (Besançon) - Procédés Alimentaires et Microbiologiques (PAM) (Dijon)
Etablissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Alexis de Rougemont
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Gauchotte
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoît Terris, Evelyne Schvoerer

Résumé

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Les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) touchent plus de 200.000 patients en France, et comprennent la maladie de Crohn (MC) qui affecte tout l’appareil digestif, et la rectocolite hémorragique (RCH), uniquement le côlon et le rectum. L’étiologie de ces affections impliquerait des facteurs génétiques, immunologiques et microbiologiques, le rôle des virus restant à élucider. Parmi ceux-ci, les norovirus humains sont la principale cause de gastro-entérites virales. L’attachement des norovirus à la paroi intestinale s’effectue par le biais des antigènes tissulaires de groupe sanguin (ABH(O) et Lewis). L’expression de ces antigènes varie en fonction du tissu et de l’état physiologique ou pathologique. Chez la personne saine, l’expression de ces antigènes se fait exclusivement dans l’intestin grêle et dans une moindre mesure dans le côlon proximal. L’objectif de la thèse a été de déterminer l’expression de ces antigènes et les profils d’accroche des VLP sur des tissus inflammatoires de 24 patients souffrant de MC et de RCH lors de poussées inflammatoires et de tissus sains et inflammatoires de 17 patients non-sécréteurs (1 patient souffrant de MC et 16 patients sains). Nous avons donc cherché à démontrer l’expression des HBGA selon le phénotype « sécréteur » (expression ABH(O), Leb, Ley) ou « non sécréteur » (expression Lea, Lex), de patients sains et atteints de MICI, et à définir le rôle de ces antigènes dans l’accroche des norovirus en utilisant des particules virales de synthèse (VLP) dérivées de norovirus humains. Les expériences d’accroche de VLP GII.4 (génotype prédominant dans le monde), réalisées sur des tissus provenant de pièces opératoires de MICI, prouvent la reconnaissance des VLP sur les tissus inflammatoires du grêle (MC) et du colon (MC et RCH). Sur ces muqueuses inflammatoires colique et rectale des patients sécréteurs et non-sécréteurs, nous avons observé une surexpression des antigènes Lea et Lex sur les muqueuses régénératives, que ce soit sous leur forme sialylée (sLea et sLex) ou non-sialylée. Nous avons ainsi démontré que l’accroche spécifique des VLP sur ces muqueuses inflammatoires se faisait par le biais de l’antigène Lea et dans une moindre mesure Lex et cela en l’absence des antigènes ABH(O), pas ou peu exprimées par les zones régénératives. Chez les individus non-sécréteurs sains de l’étude, nous avons également observé la suppression de l’attachement des VLP par des anticorps monoclonaux spécifiques de l’antigène Lea démontrant encore une fois son implication dans l’attachement des norovirus humains, sur la muqueuse intestinale saine de ces sujets. Nous avons enfin observé que l’accroche des norovirus variait également en fonction des tissus étudiés et du génotype de norovirus (GII.4, GII.3 et GII.17 dans le cadre de l’étude), chez les sujets sécréteurs ou non-sécréteurs. A l’aune de nos travaux, les zones inflammatoires régénératives ont donc la capacité d’interagir spécifiquement avec les norovirus par le biais principalement de Lea. Il en découle probablement des perturbations du système immunitaire induites par l’accroche du norovirus. Ces mécanismes inflammatoires provoqués par l’attachement du norovirus et probablement d’autres virus entériques donne un nouvel éclairage sur les infections virales chez les patients MICI. Ces mécanismes restent cependant à élucider d’un point de vue physiopathologique. D’autres travaux seront également nécessaires pour évaluer l’incidence des infections à norovirus et plus généralement des virus entériques chez ces patients.