Changements de pratiques alimentaires et transition : une comparaison franco-norvégienne

Changes in food practices and transition: a French-Norway comparison

• Auteur / Autrice : Jean-loup Lecoeur
• Direction : Claude Compagnone, Virginie Amilien
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Sociologie, démographie
• Date : Inscription en doctorat le 15/10/2018
• Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CESAER - Centre d'Économie et de Sociologie appliquées à l'Agriculture et aux Espaces Ruraux

Mots clés

Mots clés libres

Ethnographie

Pratiques alimentaires

Transition

Théorie des pratiques sociales

Transition

Food habits

Ethnography

Theory of social practices

Résumé

La dynamique des pratiques alimentaires - Réflexions sur la transition alimentaire à partir d'une analyse des pratiques d'approvisionnement et de préparation de repas en France et Norvège Résumé de thèse : Cette thèse part d'un questionnement environnemental : comment faciliter une transition alimentaire dans un monde où le changement climatique et l'effondrement de la biodiversité remettent profondément en question nos modes de production et de consommation ? En avant-propos, une description de la situation actuelle via les sciences environnementales est nécessaire pour comprendre ce que pourrait être une transition alimentaire. Pour réfléchir aux conditions de possibilité d'une transition alimentaire, une réflexion sur ce que sont ces pratiques alimentaires s'impose. Ce travail propose une analyse sociologique de l'alimentation quotidienne à l'échelle des ménages, basée sur la théorie des pratiques (theory of social practices, TSP), les régimes d'engagement de Thévenot et des apports de sociologie de l'alimentation pour se saisir de ce que sont ces pratiques et leur dynamique. Cette approche s'intéresse particulièrement à la dimension routinière des pratiques, en les situant à la jonction de compétences, d'éléments matériels (supermarchés, caddies, couteaux de cuisine) et de signification. En TSP, l'analyse est tournée vers les pratiques, et non pas les individus. Ce travail se base sur deux terrains : un à Dijon, en France, l'autre à Oslo, en Norvège. Dans ces deux villes une dizaine d'individus ont été suivi lors des courses, de la cuisine et des repas (trois pratiques différentes et articulées) durant différentes saisons. La production de données inclue de la participation observante et des entretiens semi directifs. L'objectif est de saisir les pratiques alimentaires (approvisionnement, préparation, repas) en resituant les mangeurs à la croisée d'enjeux pratiques, économiques, symboliques – les deux terrains permettant de contraster les contextes (culturels, économiques…) dans lesquels les pratiques alimentaires se déploient. La thèse propose une application et une adaptation de la TSP relative à l'alimentation, principalement sur deux pratiques : l'approvisionnement et la préparation des repas. La partie sur l'approvisionnement identifie notamment des schémas de pratiques déployés par les mangeurs, en s'intéressant à leurs conditions d'émergence et leur dynamique, à la croisée de dimensions logistiques, pratiques, symboliques. Pour compléter ce que propose classiquement la TSP, une analyse partant des pratiques individuelles est proposée, pour ensuite monter en généralité et donner des éléments sur ce que signifie « s'approvisionner ». La même logique est suivie pour la partie relative à la préparation. Ce travail propose un ensemble d'outils qui découlent de la TSP ou la complètent : il s'agit d'appliquer empiriquement cette théorie à un terrain, ce qui n'a été fait que de façon fragmentaire dans la littérature sociologique. Ce faisant, des pistes pour poursuivre le mouvement de la TSP et l'adapter aux pratiques alimentaires sont suggérées, ainsi que des approches pour gérer les difficultés méthodologiques issues de cette approche. L'utilisation des régimes d'engagement de Thévenot permet de compléter la compréhension des changements de pratiques, en réintégrant des dimensions individuelles. La thèse conclut sur deux plans : d'un côté, les apports de la TSP, amendés et complétés, pour comprendre les pratiques alimentaires. De l'autre, une réflexion relative à une transition alimentaire cherchant à esquisser des pistes pour la favoriser.

Summary of thesis: This thesis is based on an environmental question: how can we facilitate a food transition in a world where climate change and the collapse of biodiversity are profoundly challenging our modes of production and consumption? As a preface, a description of the current situation based on environmental science is necessary to understand what a food transition might look like. If we are to think about the conditions under which a food transition is possible, we need to reflect on what these food practices are. This work proposes a sociological analysis of daily food consumption at household level, based on the theory of social practices (TSP), Thévenot's regimes of engagement and contributions from the sociology of food, in order to understand these practices and their dynamics. This approach is particularly interested in the routine dimension of practices, placing them at the junction of skills, material elements (supermarkets, shopping trolleys, kitchen knives) and meaning. In TSP, the analysis focuses on practices, not individuals. This work is based on two sites: one in Dijon, France, and the other in Oslo, Norway. In these two cities, a dozen individuals were followed during shopping, cooking and mealtimes (three different and articulated practices) during different seasons. The data collected included observational participation and semi-structured interviews. The aim is to understand food practices (provisioning, preparation, meals) by situating the eaters at the crossroads of practical, economic and symbolic issues - the two fieldworks enabling to contrast the contexts (cultural, economic, etc.) in which food practices take place. The thesis proposes an application and adaptation of the TSP relating to food, mainly on two practices: provisioning and meal preparation. The section on provisioning identifies the patterns of practice deployed by eaters, looking at the conditions of their emergence and their dynamics, at the intersection of logistical, practical and symbolic dimensions. To complement the traditional TSP approach, an analysis is proposed that starts with individual practices, then moves up the scale to provide information on what it means to “supply”. The same logic is followed for the section on preparation. The aim is to apply this theory empirically to the field, which has only been done in a fragmentary way in the sociological literature. In so doing, we suggest ways of continuing the SPT movement and adapting it to food practices, as well as ways of dealing with the methodological difficulties arising from this approach. The use of Thévenot's commitment regimes completes the understanding of changes in practices, by reintegrating individual dimensions. The thesis concludes on two levels: on the one hand, the contributions of TSP, amended and completed, to understanding eating practices. On the other, a reflection on the dietary transition, with a view to outlining ways of encouraging it.