Idéalisme latin et quête de ''race'' : un imaginaire politique, entre nationalisme et internationalisme : France-Amérique hispanique, 1860-1933
Auteur / Autrice : | Sarah Al-Matary |
Direction : | René-Pierre Colin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 2008 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Résumé
Notre thèse se propose de resituer la revendication d’appartenance à la « race latine » dans une histoire intellectuelle globale, afin de montrer, à partir d’un corpus de romans et d’essais français et hispano-américains, comment le discours de la latinité a entretenu dans la seconde moitié du XIXe siècle une polémique si vive qu’elle affectait tous les milieux disciplinaires, touchait la production théorique comme la fiction, à travers des textes de genres et de formats distincts. À une époque où la sphère « littéraire » est caractérisée par son hétérogénéité, et où l’homme de lettres jouit d’un statut parascientifique, le débat social sur la prétendue dégénérescence des Latins trouve un prolongement au sein de la littérature de fiction. C’est pourquoi nous avons choisi de confronter les textes de Frédéric Mistral, Jules Verne, Joséphin Péladan, Maurice Barrès, Paul Adam, Máximo Soto Hall, Carlos Gagini, Hernán Robleto ou Carlos Reyles aux discours savants qui fleurirent à la faveur de l’antagonisme entre les peuples néo-latins et leurs voisins germains et saxons. Ce conflit recoupe celui qui oppose alors les tenants du positivisme à des auteurs qui dénoncent la médiocrité de l’ère industrielle, et défendent la primauté des valeurs intellectuelles et spirituelles. Notre étude tente de mettre au jour les paradoxes sous-tendant cette réaction « idéaliste » pro-latine, qui séduit des écrivains se distinguant par leur goût pour le « roman à thèse ». Le discours de la latinité, discours de crise, simultanément convoqué par les libéraux et la droite nationaliste, les tenants de l’élitisme et du populisme, les félibres et les wagnériens, est caractérisé par une très grande mobilité. Il est pourtant parvenu à fédérer un ensemble d’intellectuels du tournant du XIXe siècle poètes, romanciers, historiens et hommes d’État , qui l’ont érigé en outil de relecture opportuniste de l’Histoire, contre une historiographie prétendument « pro-saxonne » et « philoprotestante ».