Thèse soutenue

Stabilité psychométrique des critères diagnostiques du DSM-5 pour les troubles de l’usage de substances et valeur prédictive du craving sur l’usage de substance selon le contexte de soin. Dans quelle mesure le craving diffère-t-il des autres critères diagnostiques ?

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Auteur / Autrice : Charlotte Kervran
Direction : Marc Auriacombe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 18/12/2019
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sommeil, Attention et Neuropsychiatrie
Jury : Président / Présidente : Amine Benyamina
Examinateurs / Examinatrices : François Alla, Serge Ahmed, Ali Amad
Rapporteurs / Rapporteuses : Amine Benyamina, Miquel Casas, Anna-Rose Childress

Résumé

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Introduction : La perte de contrôle de l’usage d’un objet source de gratification est au centre de la définition de l’addiction ou trouble de l’usage. La validité psychométrique des critères diagnostiques du trouble de l'usage de substances du DSM-5 a pu être testée pour plusieurs substances, mais l’ajout du craving et sa place comme critère diagnostique fait encore débat. Par ailleurs, un modèle comportemental de l'addiction a été proposé dans lequel les variations du craving comme phénomène dynamique seraient prédictives de la rechute, appuyant son ajout comme critère diagnostique de la perte de contrôle de l’usage. Cependant les études, à ce jour ont porté uniquement sur des échantillons d’usagers de substances dans une démarche de réduction de l’usage ou d'abstinence.L’objectif principal de ce projet de thèse est de tester la stabilité psychométrique des critères diagnostiques du trouble de l’usage du DSM-5 selon le contexte de soin, en apportant une attention particulière au rôle du craving, d’une part comme critère diagnostique, et d’autre part comme phénomène prédictif de l'usage. Des usagers de substances, recrutés dans des programmes de réduction des risques (HR), un environnement propice à l’usage, ont été comparés à des usagers de substances en demande traitement (TX) de réduction de l’usage ou d'abstinence.Méthode : La stabilité des 11 critères diagnostiques du trouble de l'usage de l’alcool, de la cocaïne, des opiacés, du cannabis et du tabac a été testée. Des analyses d'Item Response Theory (IRT) et le Differential Item Functioning (DIF), ont permis d'étudier le comportement des critères diagnostiques entre eux et par rapport au trait latent sous-jacent du trouble de l'usage, et de tester le fonctionnement des critères entre les deux populations. L'applicabilité du modèle comportemental a été testée parmi des sujets HR avec la méthode EMA (Ecological Momentary Assessment) qui recueille l’intensité du craving et l’usage de substance de façon répétée en vie quotidienne. La méthode HLM (Hierarchical Linear Model) a été utilisée pour analyser les liens prospectifs.Résultats : Quelle que soit la substance et le contexte de soin, les critères diagnostiques évaluant la perte de contrôle de l'usage, à la différence des critères diagnostiques de conséquences de l'usage, fonctionnent correctement et plus particulièrement le critère craving. Ce nouveau critère apparait comme le critère le plus sélectif, car il s’ajuste le mieux au modèle à un facteur, il est parmi les plus fréquents, il a un pouvoir discriminant plus marqué que les autres critères et repère les sujets avec un trouble de l’usage de substance peu sévère. L’EMA met en évidence le rôle prédictif du craving sur l'usage, quel que soit le contexte d'usage.Conclusion : Ce travail remet en question la pertinence des critères de conséquences de l'usage, de par leurs caractéristiques psychométriques moins performantes que les critères de perte de contrôle, et leur faible stabilité inter-échantillon. Ce travail souligne le rôle du craving comme moteur de l’usage et appuie son intérêt comme mesure diagnostique et pronostique de la perte de contrôle. Ces résultats pourraient faire de lui un marqueur spécifique et précoce de l’addiction facilement détectable et utilisable en clinique, et justifie qu’il puisse être une cible à privilégier des interventions thérapeutiques.