Thèse soutenue

Diversité et phylogéographie des asteries de l'Océan Austral (Asteroidea)

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Auteur / Autrice : Camille Moreau
Direction : Thomas SaucèdeBruno Danis
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des populations et écologie
Date : Soutenance le 15/10/2019
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Université libre de Bruxelles (1970-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biogéosciences (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Patrick Mardulyn
Examinateurs / Examinatrices : Thomas Saucède, Thierry Rigaud
Rapporteurs / Rapporteuses : Elie Poulin, Anton Van de putte

Résumé

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Comment les espèces sont-elles distribuées sur les fonds marins de l’Océan Austral ? Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer leur distribution ? Ces questions, centrales en macroécologie sont d’autant plus pressantes que les régions polaires sont actuellement soumises à de rapides changements environnementaux. L’objectif principal de cette thèse était de décrire et de caractériser les grands patrons de distribution des espèces d’étoiles de mer à l’échelle de l’Océan Austral tout en considérant un trait d’histoire de vie en particulier : la stratégie de reproduction. Dans ma thèse, je teste l’hypothèse que les capacités de dispersion contrastées entre espèces à développement direct (incubantes) et celles à stade larvaire pélagique dans leur développement (dispersantes) induisent des motifs de distribution distincts, permettant ainsi de mettre en évidence un facteur déterminant de leurs distributions. J’ai utilisé à la fois des approches biogéographique (basée sur un jeu de données de 14 000 occurrences) et phylogéographique (pour cinq genres : Diplasterias, Notasterias, Lysasterias, Bathybiaster, Psilaster) à l’échelle de l’Océan Austral et mes résultats montrent que 1) de manière générale, les étoiles de mer présentent les mêmes motifs biogéographiques que ceux déjà mis en évidence chez d’autres groupes d’invertébrés marins benthiques tels que l’isolement de la Nouvelle Zélande, la forte richesse spécifique dans la région de l’Arc de la Scotia chez les espèces incubantes, la différenciation entre les faunes Est et Ouest Antarctiques, et les affinités fauniques entre le sud de l’Amérique du Sud et les iles subantarctiques. Les astéries présentent un niveau d’endémisme moins élevé que précédemment avancé, avec 29% d'espèces endémiques dans la Zone Antarctique seulement. Les patrons de distribution sont fortement influencés par la stratégie de reproduction et diffèrent en fonction du niveau taxonomique considéré, mettant en évidence le rôle sous-jacent de certains facteurs historiques. 2) La stratégie de reproduction ne semble pas affecter les niveaux de diversité génétique ni la richesse spécifique elle-même mais plutôt leur structuration spatiale. L’histoire évolutive des espèces est le résultat de leur stratégie de reproduction. Les patrons phylogéographiques des espèces dispersantes peuvent être expliqués par différents scénarios impliquant des voies de colonisation profondes, de la bipolarité ou du cosmopolitisme, et l'émergence en zone subantarctique pour le genre Bathybiaster ; des échanges fauniques entre Antarctique et Nouvelle Zélande à travers le Front Polaire pour le genre Psilaster. Les motifs présentés par les espèces incubantes suggèrent l'existence d’un passage trans-antarctique précédemment étendu entre les mers de Ross et de Weddell pendant le Plio-Pléistocène. Ces résultats mettent aussi en évidence, pour la première fois, que la Mer de Weddell est peuplée d’un mélange de faunes originaires d’Est et Ouest Antarctique. Enfin, j’utilise une approche exploratoire pour analyser la phylogénie et la phylogéographie de toute la classe des Asteroidea afin de comprendre son origine et son évolution dans l’Océan Austral. Je mets en évidence la variété des chemins évolutifs suivis par les étoiles de mer pour coloniser, se diversifier et évoluer dans l’Océan Austral. Je démontre par la même occasion que leur richesse spécifique n’est pas correctement évaluée dans l’Océan Austral, ce qui est également très certainement le cas aussi dans les autres océans. Je démontre aussi que la diversité des étoiles de mer australes actuelles est en grande partie le résultat de diversifications récentes. L’ensemble de ces résultats m’amène à remettre en question plusieurs grands principes biogéographiques jusqu'ici reconnus pour les faunes de l’Océan Austral, soulignant également la nécessité d'adopter des approches à très large échelle dans ce genre d'étude.