Thèse en cours

La protection des droits politiques : analyses du droit interaméricain et européen des droits de l’homme

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Auteur / Autrice : Jean carlo Nordeus
Direction : Laure Milano
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit Public
Date : Inscription en doctorat le 08/01/2018
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-….)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Droit et science politique (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IDEDH - Institut de Droit Européen des Droits de l'Homme

Résumé

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De nos jours, le renouvellement du personnel politique au moyen des élections constitue un temps fort pour tout Etat souverain et un acte qui conditionne l’existence de l’individu, citoyen de son état. Un homme, une voix, ou une femme, une voix tel est, entre autres, un principe fondamental relativement simple qui doit guider l’activité électorale, mais assurer son respect est une autre affaire1. Cet exercice a une double signification : la première étant la confirmation par l’Etat de sa souveraineté par cette capacité d’organiser des compétitions électorales qui soient honnêtes, crédibles et démocratiques; la seconde étant l’assurance par l’Etat de l’effectivité des droits politiques de ses citoyens en leur permettant de choisir librement leurs représentants au moyen d’un vote. Ce dernier acte représente, à cette date, l’instrument qui permet à l’électeur d’exister comme individu ou encore qui le fait exister par l’obligation d’avoir une opinion2. Il s’agit en fait d’un droit fondamental qui intègre la catégorie des droits civils et politiques reconnus à tout individu par la Charte de l’Organisation des Nations unies (ONU), droit de pouvoir élire librement ses dirigeants, sans contrainte ni inquiétude. Vu sous l’angle d’une liberté et d’un pouvoir, l’activité électorale est, en réalité, l’application pratique de la théorie de pacte social développée par divers philosophes de l’antiquité et des Lumières. Si l’élection devient la procédure normale et légitime de désignation des dirigeants de l’Etat en lieu et place des procédures de désignation par hérédité, cooptation, nomination ou tirage au sort, certains auteurs comme Olivier Ihl estiment que : « le vote est devenu par conséquent une obligation dans de nombreuses législations et parfois un moyen de stigmatisation pour les abstentionnistes. Cette procédure devient une valeur partagée par la quasi-totalité des organisations intergouvernementales, en particulier l’Organisation des Etats américains et le Conseil de l’Europe qui, depuis leur création, œuvrent pour la mise en place d’une démocratie représentative de plus en plus effective et efficace. Aujourd’hui, il est unanimement reconnu que l’Organisation des Etats américains et le Conseil de l’Europe, à travers leurs mécanismes de contrôle respectifs, consentent de multiples efforts en vue de rendre effectifs les droits politiques de l’électeur. Pourtant, le vote de ce dernier ou encore ses droits politiques notamment lors du renouvellement du personnel politique ne sont pas toujours observés dans / par certains Etats. Cette situation est la conséquence de nombreuses violations des droits fondamentaux de l’électeur et la cause, parfois, d’incessantes crises électorales susceptibles d’entrainer des scènes de violence, de violation grave des droits de l’homme menaçant ainsi la paix et la sécurité régionale, par extension, internationale. La problématique devient plus grave lorsque les droits reconnus à l’électeur de pouvoir choisir volontairement et librement ses représentants sont bafoués, quand les élections organisées sont teintées d’irrégularités, de fraudes, et de violences physiques, imputables soit aux partis au pouvoir ou aux compétiteurs électoraux eux-mêmes. Face aux actes répréhensibles, ces organisations intergouvernementales se dotent-t-elles des mêmes moyens pour garantir la protection des droits politiques violés ? Ou encore : « Quel est le degré d’efficacité et d’effectivité des interventions de l’Organisation des Etats Américains comparativement au Conseil de l’Europe dans la protection des droits politiques de l’électeur ? » ou « Dans quelle mesure les actions de l’Organisation des Etats américains et du Conseil de l’Europe protègent les droits politiques du citoyen en Amérique et en Europe » La question sera d’autant plus intéressante lorsqu’il s’agira de comparer l’état actuel de la protection offerte par ces deux Organisations continentales et faire la part des choses entre les critiques relatives à l’ingérence de la communauté internationale et l’obligation de protéger les droits politiques fondamentaux du citoyen dans le cadre d’un conflit électoral. En effet,l’adoption de la Charte de Bogota en 1948 marque l’aboutissement des idées intégrationnistes véhiculées sur le continent américain dès le début du 19e siècle notamment avec l’accession à l’indépendance de plusieurs colonies appartenant aux puissances européennes. L’idée était de regrouper l’ensemble des Etats du continent sous la base d’une coopération pacifique et dans une perspective de sauvegarde de la souveraineté, de l’indépendance, et du progrès de tous les Etats des Amériques en toute égalité et par le droit. Dans la même veine, les Etats américains érigent la protection des droits fondamentaux de la personne humaine comme l’un des buts essentiels de la Charte de 1948. C’est ainsi qu’il a été adopté, au cours de la même année, la Déclaration des droits et devoirs de l’homme. Celle-ci, complétée par la Convention américaine relative aux droits de l’homme de 1969, est considérée comme un socle de règles destiné à garantir non seulement les droits civils et politiques inhérents à la personne humaine, mais aussi ses droits économiques et sociaux. Parallèlement, quasiment à la même époque, il s’est aussi passé un évènement sur le continent européen. Les Etats européens, après la seconde guerre mondiale, affligés de destruction et de souffrances, se sont regroupés dans le cadre d’une organisation intergouvernementale : le Conseil de l’Europe, dont la mission est de protéger les droits de l’homme, renforcer la démocratie et promouvoir le droit en Europe. L’idée était de parvenir à la construction européenne en créant des institutions communes. Ainsi, ils ont signé à Rome, le 4 novembre 1950, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, communément appelée Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) dont la défense des droits de l’homme est l’une de leurs missions fondamentales. En même temps, en vue d’instaurer un système de contrôle et de protection efficace, la Convention européenne des droits de l’homme, complétée par ses protocoles, a institué une Cour : la Cour européenne des droits de l’homme, organe juridictionnel, unanimement reconnue pour le succès de ses grands arrêts en matière de protection des droits fondamentaux notamment le droit à des élections libres4, régulières et dans les conditions qui assurent la libre expression du peuple. Il s’agit ici en fait, d’une clause politique large, directement applicable comme les autres clauses normatives de la Convention européenne des droits de l’homme. A ce sujet, Jean François Renucci pense que ce droit à des élections libres ne concerne plus simplement l’organisation de consultations électorales : il implique la reconnaissance du suffrage universel et comprend à la fois le droit de vote et celui de se porter candidat5. Tous ces efforts que ce soit dans l’élaboration des normes juridiques ou la création d’institutions interaméricaines tournent autour d’un seul but, celui de protéger les droits fondamentaux de la personne humaine, notamment ses droits politiques à travers la doctrine de la démocratie représentative prônée par ces deux Organisations continentales. Pourtant, ces droits reconnus à l’individu ne sont pas toujours respectés par les pouvoirs publics, y compris les électeurs qui, parfois, en ont fait un usage abusif et pire encore lorsque les dirigeants politiques manipulent la volonté populaire en vue de se maintenir au pouvoir. Tout mauvais usage des droits de part et d’autre conduit inévitablement à des situations de crise électorale entrainant ipso facto des scènes de violence, de violation des droits de l’homme susceptibles de menacer la paix et la sécurité régionale, voire internationale. « La protection des droits politiques : analyses du droit interaméricain et européen des droits de l’homme », ce sujet de recherche présente un intérêt certain dans la mesure où il est appelé à faire une analyse comparative rigoureuse de la mise en œuvre des droits politiques dans les systèmes interaméricain et européen des droits de l’homme et de sa complexité, à observer puis comparer le degré d’effectivité et d’efficacité des droits politiques de l’électeur dans ces deux systèmes de protection et les obstacles auxquels l’Organisation des Etats américains et le Conseil de l’Europe sont confrontées dans l’exécution de leur mandat relatif à la promotion de la démocratie et la protection des droits de l’homme et, enfin, à réfléchir sur l’avenir du contrôle électoral interaméricain et européen. Nous souhaitons que ce travail apporte sa contribution aux efforts visant à rendre les actions de ces Organisations plus efficaces et effectives en matière de protection des droits politiques.