Thèse soutenue

Le Mūne comme patrimoine culinaire et vecteur de développement territorial au Liban : Les dynamiques socio-spatiales de la conservation des aliments traditionnels « mūne » par les coopératives de femmes, une application au cas de la vallée de la Beqā’

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Auteur / Autrice : Rita Jalkh
Direction : Marc DedeireMélanie Requier-Desjardins
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Geographie et aménagement de l'espace
Date : Soutenance le 02/12/2022
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 60, Territoires, Temps, Sociétés et Développement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de géographie et d’aménagement de Montpellier (Montpellier) - Laboratoire de Géographie et d'Aménagement de Montpellier / LAGAM
Jury : Président / Présidente : Stéphane Ghiotti
Examinateurs / Examinatrices : Patrizia Pugliese, Salem Darwich
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Angeon, Claire Delfosse

Résumé

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Les approches du développement économique impliquent de plus en plus des échelles géographiques locales et encouragent la mobilisation et l'organisation des acteurs territoriaux en fonction des conditions et des ressources locales. Le Liban est un pays confronté à de fréquentes incertitudes avec des difficultés économiques et sociales récentes. Sa cuisine populaire peut jouer un rôle clé dans son développement et celui de son espace rural. En effet, cette cuisine intègre une pratique culturelle traditionnelle appelée "Mūne" qui consiste en la conservation des aliments en garde-manger, historiquement utilisés pour assurer l'alimentation des ménages. Aujourd'hui, des coopératives alimentaires rurales s'adonnent à cette pratique en utilisant les produits agricoles des agriculteurs locaux et emploient des femmes. Malgré de forts défis internes et externes, ces coopératives restent des acteurs attractifs car leurs principes de bénéfice collectif, de participation et de démocratie forment un lien fort avec les objectifs de développement durable. Cette étude analyse le statut des coopératives alimentaires dans une région agricole majeure du Liban, la vallée de la Beqā’, berceau aliments traditionnels mūne. Les résultats montrent d'abord que le mūne est plus qu'une simple activité de conservation des aliments, mais qu'il transcende des dynamiques plus larges qui en font un outil unique pouvant servir de base à des cycles socio-économiques à l'intérieur et à l'extérieur du territoire. Les résultats de l'étude ordonnent également ces coopératives en quatre catégories présentant des caractéristiques différentes en termes de structure, de spatialité, d'étendue du soutien extérieur reçu et de conformité. Ils montrent qu'avec le mūne comme ressource du patrimoine culinaire, les coopératives présentent de forts liens ruraux-urbains avec des dépendances spatiales vis-à- vis des agriculteurs locaux et des marchés urbains pour le commerce. Les forces en jeu comprennent différentes formes de proximité géographique (interterritoriale) et organisée (extra-territoriale) qui proviennent de sources extérieures au territoire et qui stimulent la mobilisation de ces coopératives. Ces deux formes de proximité, en plus des lieux communs temporaires, expliquent la logique de l'interaction et aboutissent à l’ancrage des coopératives. Les coopératives alimentaires peuvent donc être considérées comme ancrées à la fois dans leur territoire (naturel) et dans leurs relations (sociale inter-territoriales et extra-territoriales), la force motrice étant la signification culturelle des aliments traditionnels conservés de type mūne. On peut conclure qu'une protection du patrimoine culinaire est nécessaire, avec une contribution évolutive à la sécurité alimentaire et au développement local nécessaire, compte tenu des récents revers majeurs du Liban.