Thèse soutenue

Approche psychologique de la résilience chez les personnes en situation d’obésité sévère candidates à une chirurgie bariatrique : étude des effets d’une prise en charge multidisciplinaire avant chirurgie

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Auteur / Autrice : Joris Mathieu
Direction : Joëlle LighezzoloOlivier Ziegler
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 21/09/2018
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interpsy-ETIC (Metz ; 2009-...)
Jury : Président / Présidente : Maria de la Almudena Sanahuja
Examinateurs / Examinatrices : Joëlle Lighezzolo, Olivier Ziegler, Lony Schiltz, André Mariage, Éric Bertin
Rapporteurs / Rapporteuses : Lony Schiltz, André Mariage

Résumé

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Les candidats à la chirurgie bariatrique ont une trajectoire biopsychosociale singulière : obésité très sévère ou compliquée, psychopathologies fréquentes et histoires de vie difficiles et traumatiques. Considérant le traitement médical comme un échec, ils voient la chirurgie comme l’ultime solution. Le concept de résilience permet d’aborder la fragilité psychique et sociale de ces personnes. Les objectifs principaux de l’étude visent à mieux cerner leurs fonctionnements psychiques et à identifier leurs évolutions au cours d’un parcours de préparation à la chirurgie bariatrique, selon une approche semi-quantitative d’inspiration psychodynamique. Deux cents sujets candidats à la chirurgie bariatrique (153 femmes et 47 hommes ; âge : 43,5 ± 11,74 ans ; IMC : 45,54 ± 7,19 kg/m²) ont été recrutés au début de leurs parcours de préparation au CHRU de Nancy. Ce parcours qui dure un an est basé sur un abord cognitivo-comportemental et propose des ateliers collectifs d’éducation thérapeutique.Trois méthodologies ont été utilisées au début et à la fin de ce parcours pour explorer les différentes dimensions de la résilience dans le contexte de l’obésité sévère : des entretiens cliniques de recherche, des données projectives (102 protocoles Rorschach) et des auto-questionnaires permettant d’apprécier la qualité de vie (EQVOD et SF-36), les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) (DEBQ et BES), les psychopathologies (HAD et MINI), les mécanismes de coping (Briefcope), l’alexithymie (TAS), et la résilience (RSA). Le processus de résilience est inexistant en début de parcours. Les résultats indiquent que les sujets présentent une faible qualité de vie ainsi que de nombreuses psychopathologies : compulsions alimentaires (62,89 %, dont 56,6 % de Binge Eating Disorder (BED)), dépressions (15 %), anxiétés (34,5 %) ou encore addictions (29,5 %). Un nombre important d’événements de vie difficiles et traumatiques est relevé : 86 % des sujets ont un vécu polytraumatique remontant majoritairement à l’enfance et l’adolescence. Les réponses paradoxales données par certains sujets aux auto-questionnaires permettent de les classer selon un profil comportemental dit "discordant" (sous-évaluation du binge eating à la BES et surévaluation de la résilience à la RSA) qui se caractérise par un défaut de mentalisation relevé à l’entretien clinique et au Rorschach. Une nette amélioration de l’ensemble des indicateurs est constatée à la fin du parcours. La qualité de vie des sujets, notamment psychique, augmente. La prévalence des psychopathologies, elle, diminue fortement, avec des réductions significatives des TCA en termes de fréquence (64,78 %) et d’intensité (13,21 % avec forte compulsivité), des dépressions (3,14 %), de l’anxiété (8,18 %) et des comportements addictifs (13,84 %). Enfin, les difficultés de mentalisation ont régressé, bien que la majorité des sujets présente toujours une absence de processus résilient juste avant la chirurgie. Les sujets présentant un profil "concordant" d’après les auto-questionnaires, connaissent une amélioration significativement plus importante à la plupart des indicateurs, par rapport aux sujets "discordants"