Thèse soutenue

Rôles des interférons dans la physiopathologie des myopathies inflammatoires

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Auteur / Autrice : Cyrielle Hou
Direction : François-Jérôme Authier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire
Date : Soutenance le 28/09/2021
Etablissement(s) : Paris 12
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences de la Vie et de la Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Mondor de Recherche Biomédicale (Créteil)
Jury : Président / Présidente : Sophie Hüe
Examinateurs / Examinatrices : François-Jérôme Authier, Frédéric Charbonnier, Mathieu Rodero, Carole Henique, Werner Stenzel
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Charbonnier, Mathieu Rodero

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les Myopathies Inflammatoires et Dysimmunitaires (MID) forment une famille de pathologies musculaires rares et hétérogènes. Elles ont en commun que l’atteinte du muscle squelettique résulte d’une réaction immunitaire dérégulée, mais les processus lésionnels sont très différents. Ainsi, les dermatomyosites (DM) sont des myopathies ischémiques, caractérisées par une signature interféron (IFN) de type I ; des infiltrats de cellules dendritiques plasmacytoides, productrices d’IFN-I, et par une expression myocytaire anormale du complexe majeur d’histocompatibilité de classe I (CMH-I). A l’inverse, les Myosites à Inclusions (IBM) se distinguent par une signature IFN-II, des infiltrats endomysiaux de lymphocytes T cytotoxiques producteurs d’IFNg;, à proximité de fibres musculaires exprimant CMH-I et CMH-II. Les IFN-I sont des inducteurs de CMH-I alors que l’IFN-II (IFNg) est un puissant inducteur du CMH-II par l’activation de la voie JAK-STAT.Ce travail de thèse s’est proposé d’étudier le rôle des IFN dans la physiopathologie et la clinique des DM et des IBM. Nous avons d’abord défini les profils de signature IFN dans les MID de l’adulte et montré que la DM est électivement associée à une signature IFN-I intramusculaire. Le facteur de régulation IFN-stimulated gene 15 (ISG15) étant le facteur de régulation le plus fortement induit, nous avons étudié une cohorte de 56 patients atteints de myopathies juvéniles afin de déterminer si l’ISG15 peut représenter un biomarqueur fiable pour le diagnostic et le pronostic. Ainsi, l'expression élevée d'ISG15 a permis de discriminer les DM des autres myopathies. La régulation à la hausse des régulateurs positifs de l'IFN-I, était similaire quel que soit le sous-type de DM. En revanche, le niveau d’expression de l’ISG15, régulateur négatif des IFN-I, était inversement corrélé à la sévérité de la maladie, suggérant qu’une régulation négative efficace de la voie IFN-I a un effet myoprotecteur.A l’inverse de la DM, l’IBM se caractérise par une surexpression d’IFNg; et de ses gènes cibles au niveau musculaire. Nous avons étudié le rôle de l’IFNg; dans la physiopathologie des IBM. Nous avons montré une atrophie myocytaire, une involution adipeuse, une fibrose endomysiale et une réduction des capacités prolifératives des cellules satellites chez l’IBM par rapport à la DM. Afin de déterminer l’impact de la surexpression d’IFNg sur la régénération musculaire post-lésionnelle, nous avons utilisé un modèle expérimental d’administration parentérale continue d'IFNg chez la souris.Par ce modèle, nous avons montré que la surexpression d’IFNg induisait un retard dans le processus de régénération musculaire, avec notamment une réduction de la prolifération et fusion des cellules satellites. L’IFNg a également induit l'expression du CMH-II, l'atrophie des myofibres, ainsi que l’apparition d’une fibrose et d'involution adipeuse. La majeure partie de ce phénotype a été inhibée en traitant les souris avec un inhibiteur anti-JAK1/2. Ces données indiquent que la simple surexpression d’IFNg dans un muscle lésé via sa voie JAK1/2 suffit à mimer une partie du phénotype musculaire des IBM. Afin de déterminer si l’effet atrophique de l’IFNg est médié indirectement par son effet sur la polarisation des macrophages, les myoblastes humains ont été traités par l’IFNg in vitro. L’IFNgfavorise directement la sénescence et réduit l’activation, la prolifération, la différenciation et la fusion des myoblastes humains, ainsi que leur migration. Il agit donc comme un inhibiteur myogénique à plusieurs niveaux.En conclusion, nos résultats démontrent un rôle pathogénique de la surexpression de l’IFNg dans le développement et le maintien du phénotype atrophique et fibrotique des muscles de patients IBM, via la répression de la myogenèse et la sénescence cellulaire accélérée. Notre travail suggère que la voie JAK/STAT pourrait représenter une nouvelle cible thérapeutique pour les pathologies impliquant les IFN, comme les DM et les IBM.