Thèse soutenue

Régulation transcriptionnelle et épigénétique de la différenciation B normale et tumorale : rôle des enzymes Tet et du facteur de transcription SPI1

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Auteur / Autrice : Marine Armand
Direction : Olivier BernardSaid Aoufouchi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 29/10/2020
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cancérologie, Biologie, Médecine, Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Dynamique moléculaire de la transformation hématopoïétique (Villejuif, Val-de-Marne ; 2020-....)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
Jury : Président / Présidente : Patricia Kannouche
Examinateurs / Examinatrices : Jean Feuillard, Jean-Christophe Bories, Céline Delaloy, Fanny Baran-Marszak
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Feuillard, Jean-Christophe Bories

Résumé

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L’ontogenèse des lymphocytes B (LB) comporte une première phase de différenciation, dans la moelle osseuse en l'absence de toute stimulation antigénique spécifique, aboutissant au LB immature. La seconde phase, d’activation et de maturation finale, est dépendante des antigènes et se déroule dans les organes lymphoïdes secondaires, au sein de structures transitoires appelées centres germinatifs (CG). Elle génère des plasmocytes et des cellules B mémoires spécifiques d’un antigène.Ce travail de thèse s’intéresse à différents acteurs impliqués dans la régulation épigénétique et transcriptionnelle de la différenciation lymphoïde B terminale : les enzymes TET2 et TET3 et le facteur de transcription (FT) SPI1/PU.1. Des mutations affectant les gènes codant pour ces protéines sont trouvées dans les hémopathies chez l’Homme et nous avons cherché à déterminer leurs conséquences fonctionnelles en utilisant des modélisations in vivo et in vitro.J’ai d’une part analysé l’impact de la perte de fonction de TET2 sur la différenciation et la maturation des cellules B. Les résultats montrent un blocage de la différenciation plasmocytaire associé à une hyperplasie des CG et une augmentation du pourcentage et du nombre absolu des LB du CG (BGC). L’analyse par PCR quantitative de l’expression des FT importants pour la différenciation des BGC et des plasmocytes a montré que les cellules déficientes pour TET2 présentent une répression du gène Prdm1 codant pour BLIMP1, un régulateur essentiel de la différenciation plasmocytaire. Je me suis ensuite intéressée à TET3, autre protéine de la famille TET exprimée dans la lignée B. Les modèles Tet3-déficients in vivo et in vitro n’ont pas montré d’altération marquée de la différenciation B terminale.J’ai par ailleurs étudié une mutation somatique de SPI1/PU.1, identifiée par notre équipe chez des patients atteints de maladie de Waldenström (MW). Dans plus de 95% des cas, la mutation activatrice L265P du gène MYD88 est également présente. Nous avons montré que la mutation de SPI1, bien que n'empêchant pas sa liaison à l’ADN, modifie son affinité de liaison sur les sites normalement reconnus par la forme sauvage. La mutation semble faire adopter à cette protéine ETS de classe III un comportement qui ressemble à celui d'une classe I/IIa. J’ai ensuite cherché à documenter les bases de la coopération oncogénique entre SPI1 et MYD88 de deux façons. La première, en étudiant la prolifération et la différenciation de lymphocytes B naïfs issus d’un modèle murin knock-in pour la mutation SPI1 développé dans l’équipe, transduits avec un rétrovirus apportant la mutation de MYD88. Les résultats montrent une augmentation de la prolifération dans la condition double mutante ainsi qu’une augmentation de la différenciation terminale. La seconde approche consiste à modifier la lignée humaine BCWM1 de MW par CRISPR/Cas9 afin d’y introduire la mutation de SPI1 en même temps que l’expression de la GFP. Ce modèle sera notamment utilisé pour réaliser des expériences de ChIP-seq afin d’identifier les cibles de la protéine mutante dans un contexte MW-like.En conclusion, le respect des programmes transcriptionnels est essentiel pour le bon déroulement de la différenciation B terminale et peut être impacté soit directement, par des mutations affectant des FT comme SPI1, soit indirectement lorsque le profil de méthylation de gènes codant pour des FT (PRDM1) est altéré suite à des mutations affectant des enzymes comme TET2.