Thèse soutenue

Être à l'heure : une histoire de la coordination temporelle dans les transports terrestres au cours d'un long XVIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Catherine Herr-Laporte
Direction : Liliane Hilaire-PérezGianenrico Bernasconi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et civilisations
Date : Soutenance le 25/06/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité en cotutelle avec Université de Neuchâtel (Neuchâtel, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Identités, cultures, territoires (Paris ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Laboulais-Lesage
Examinateurs / Examinatrices : Liliane Hilaire-Pérez, Gianenrico Bernasconi, Isabelle Laboulais-Lesage, Pierre-Yves Beaurepaire, Bruno Blondé, Muriel Le Roux
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-Yves Beaurepaire, Bruno Blondé

Résumé

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Dans un contexte de diffusion du temps mesuré mécaniquement, les mobilités du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, qui se multiplient à cette période, sont marquées par une recherche de vitesse qui ne concerne certes pas tous les utilisateurs et toutes les utilisatrices, mais qui préoccupe particulièrement l'État, pour des raisons politiques et militaires essentiellement, et les acteurs économiques. Il s'agit d'optimiser et de réduire le temps de transport des lettres et de petits paquets et, dans certains cas, le temps de déplacement des voyageurs et des voyageuses. L'État, conscient de l'importance des circulations, essaye d'améliorer les infrastructures de transport. Si les innovations techniques en la matière sont réelles, notamment concernant l'amélioration des revêtements des routes, elles présentent également des limites : elles n'offrent qu'un gain de vitesse modeste. L'administration postale, afin de répondre à cette attente de célérité, propose de nouveaux services, plus rapides, qui s'appuient sur une coordination temporelle entre les différents acteurs, permettant de limiter toute perte de temps lors des diverses étapes des transports. Les horaires s'imposent alors comme des outils pour organiser et accélérer les mobilités. Le respect de ces échéances temporelles, et donc la ponctualité, deviennent essentiels au bon fonctionnement des transports ; à l'inverse, le retard leur nuit. Pour lutter contre les retards si préjudiciables à la célérité de ses services, l'administration postale imagine un éventail de solutions adaptées aux différentes causes identifiées comme étant à l'origine de ces dépassements horaires. Elle met en place, aidée et soutenue par l'État, aussi bien des dispositions générales que des mesures plus ponctuelles pour essayer de restreindre ces facteurs de retardements ou au moins de réduire la durée des retards et de contrôler le temps de ses agents. La multiplication des horaires et l'importance accordée au retard, croisées avec d'autres tendances, comme la diffusion croissante des garde-temps, permettent de mettre en évidence, dans le cadre des mobilités, une intériorisation du temps déjà constatée dans d'autres domaines au XVIIIe siècle. Cette étude, centrée essentiellement sur la France et sur les transports postaux, propose également quelques points de comparaisons avec la Suisse et l'Angleterre afin de montrer que ces phénomènes s'observent à l'échelle européenne. Dire le temps et l'utiliser dans le cadre d'une coordination temporelle montrent ainsi une pénétration, certes peut-être encore intermittente, mais concrète, au niveau des pratiques de mesure du temps et témoignent ainsi de ses usages, non seulement dans le domaine du travail, mais aussi dans la vie quotidienne de celles et ceux qui ont les moyens de voyager ou d'envoyer des lettres et paquets. Les transports sont l'un des domaines où l'on voit lentement émerger une nouvelle conception du temps : il n'est plus seulement une durée, mais il devient un temps mesuré, de plus en plus précis, engendrant des échéances, des normes qu'il faut respecter.