Thèse soutenue

Divergence de la locomotion exploratoire et des circuits neuronaux sous-jacents chez deux espèces de vertébrés étroitement apparentées

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Gokul Rajan
Direction : Filippo Del Bene
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 17/09/2020
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génétique et biologie du développement (Paris ; 2009-....) - Génétique et Biologie du Développement
établissement opérateur d'inscription : Institut Curie (Paris ; 1978-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Brunet
Examinateurs / Examinatrices : Filippo Del Bene, Jean-François Brunet, Sylvie Rétaux, Nadine Peyriéras, Volker Bormuth
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Rétaux, Nadine Peyriéras

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Marcher, nager, sauter et ramper sont quelques exemples des diverses formes de locomotion retrouvées dans la nature qui sont adaptées aux contraintes environnementales d'un animal. Au cours de ma thèse, j'ai établi une approche pour comprendre comment les circuits neuronaux sous-jacents à la locomotion divergent en comparant les larves de deux espèces de Danionins étroitement apparentées, occupant des environnements similaires et présentant des nages différentes : l'organisme modèle Danio rerio ou poisson-zèbre (ZF) et Danionella translucida (DT). J'ai étudié les causes immédiates (cellulaires et physiologiques) et ultimes (au niveau de l’organisme) pouvant expliquer cette divergence dans leurs nages malgré leur proximité phylogénétique et environnementale.Afin d’étudier le comportement des deux poissons, j'ai développé un système d'imagerie à grande vitesse et un pipeline d'analyse. Les nages sont décomposées en demi-battements de queue pour pouvoir définir des unités comparables de locomotion chez les deux espèces. Ceci a montré qu’en nage spontanée, les larves DT utilisent des fréquences de battement de queue plus basses et des angles de queue inférieurs, exécutant des événements de nage plus lents mais plus longs. En comparaison, les larves ZF effectuent une nage rapide et intermittente par « rafale et glissement ». Cependant, lors des fuites DT peut atteindre des vitesses maximales élevées avec une latence pour atteindre cette vitesse étonnamment inférieure à celle de ZF. En nage spontanée, malgré de grandes différences de vitesses instantanées, le déplacement quadratique moyen s'est révélé comparable entre les deux animaux. Cela est dû à une randomisation plus lente de l'orientation chez DT que chez ZF, ce qui conduit à un régime de nage balistique plus long chez DT. En plus d’une fine caractérisation de la nage et de son influence sur l'exploration, au niveau de l’organisme j'ai proposé deux observations faites chez DT et contribuant au schéma de nage observé : une disponibilité moindre d'oxygène en raison de sa préférence pour les couches inférieures de la colonne d'eau et un retard de l’inflation de la vessie natatoire.Par hybridation in situ et immunohistochimie, une forte similitude de la distribution des neurones excitateurs et inhibiteurs du cerveau postérieur est montrée. De plus, avec des expériences de « backfill », une forte conservation de la distribution des neurones réticulospinaux se projetant du tronc cérébral vers la moelle épinière est observée. Pour étudier les différences physiologiques, j'ai créé une lignée transgénique DT, Tg (HuC:H2B-GCaMP6s), exprimant l’indicateur de calcium GCaMP6s dans les noyaux de la majorité des neurones. Avec cette lignée et une lignée transgénique ZF équivalente, j'ai effectué de la microscopie à feuillet de lumière sur des larves nageant spontanément. Nous avons ainsi identifié des populations neuronales du cerveau de DT pour lesquelles leur activité est mesurée avec l'augmentation de la nage. Ces régions sont donc des candidats potentiels pour fournir une stimulation excitatrice des neurones en aval afin de maintenir le réseau locomoteur spinal actifs et produire une longue nage continue. De plus, les événements de nage longue de DT ont permis une dissection supplémentaire des neurones corrélés à la nage par rapport aux différentes phases de la nage.Ce travail fournit une vision unique, à l’échelle comportemental et physiologique, de la capacité de circuits neuronaux similaires à produire des comportements différents. Ces résultats ont été brièvement évalués au niveau de l'organisme. À notre connaissance, une comparaison aussi complète, combinant comportement, anatomie et physiologie, n'a jamais été réalisée directement entre deux vertébrés. Ces travaux donnent les bases de futures études comparatives de vertébrés en neurosciences, en particulier chez les Danionins, afin d’acquérir une compréhension approfondie des circuits neuronaux sous-jacents aux comportements.