Thèse soutenue

Banlieues d'Amérique : poétique d'un lieu commun

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Auteur / Autrice : Jérémy Potier
Direction : Nathalie CochoyNathalie Vincent-Arnaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures, Arts et Civilisations du Monde Anglophone
Date : Soutenance le 18/11/2022
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre for anglophone studies (Toulouse ; 1991-....)
Jury : Président / Présidente : Monica Manolescu
Examinateurs / Examinatrices : Mathieu Duplay
Rapporteurs / Rapporteuses : Véronique Béghain, Sandrine Sorlin

Résumé

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Au cours du siècle dernier, les banlieues résidentielles se sont imposées comme l’un des lieux communs les plus diffus du paysage géographique et culturel nord américain. De fait, dans la plupart des champs disciplinaires qui ont tenté de les circonscrire, ces environnements ont été déterminés par le défaut, la négativité et le manque de qualités. Indifférentes, ressemblantes ou exemplaires, les banlieues d’Amérique sont toujours uniques mais déjà typiques, indistinctes et pourtant immédiatement reconnaissables. Lorsqu’elle s’est intéressée à la représentation des banlieues dans la fiction américaine, la critique littéraire a, pour sa part, volontiers repris à son compte la perspective développée par les sciences sociales à partir des années cinquante, faisant de l’espace suburbain le décor d’une vaste satire des classes moyennes.Cette thèse propose une autre lecture de la représentation littéraire des banlieues. Confrontés à des environnements dépourvus de caractéristiques remarquables, les auteurs américains ne se bornent pas à dénoncer une banalité terne et immobile. Dans les romans et les nouvelles de Sinclair Lewis, de John Cheever, de Jeffrey Eugenides et de Jonathan Franzen, l’écriture refuse le rôle de témoin passif et désabusé que l’on entend généralement lui faire endosser. Elle se fait au contraire pleinement fiction, travaillant un défaut au contact duquel elle trouve une occasion de se renouveler. En l’absence de ce qui fonde habituellement le sentiment de la localisation, l’écriture se tourne vers le commun – cela même qui semblait devoir réduire les banlieues à des espaces anonymes et indistincts – afin d’en faire un lieu de déploiement de l’expérience, un lieu de circulation de la parole et d’inscription de la mémoire. L’enjeu de cette thèse est ainsi d’analyser les modalités selon lesquelles le discours littéraire fait d’un défaut apparent l’objet – et peut-être même la condition – d’une nouvelle poétique. En se concentrant sur les rituels ordinaires de la vie suburbaine, sur le non-remarquable, sur les coutumes sans grandeur, les conversations obligées ou les évidences partagées, la littérature transforme ce qui a généralement été pensé comme un défaut en une singulière puissance d’écriture.