Chevaliers de peu de substance : l'épique entre déconstruction et reconstruction dans les romans de la première modernité (Rabelais, Cervantès, Grimmelshausen)

Knights of little substance : the epic between deconstruction and reconstruction in early modern novels (Rabelais, Cervantes, Grimmelshausen)

• Auteur / Autrice : Pierre Bache
• Direction : François Lecercle
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Littérature comparée
• Date : Soutenance le 13/11/2021
• Etablissement(s) : Sorbonne université
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en littérature comparée (Paris)
• Jury : Président / Présidente : Nathalie Roelens
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Mercedes Blanco
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Duprat, Elsa Kammerer

Mots clés

Mots clés contrôlés

Grimmelshausen, Hans Jacob Christoph von (1620?-1676)

Cervantes Saavedra, Miguel de (1547-1616)

Rabelais, François (1494?-1553)

Théorie de la fiction

Littérature héroï-comique espagnole

Épique (esthétique)

Mots clés libres

Épique

Parodie

Premiers romans modernes

Réinvention de l'épique

Comique

Epic

Parody

First modern novels

Reinvention of the epic

Comic

Résumé

Ce travail a pour objet une réévaluation du rapport entre les romans de la première modernité et la tradition épique et notamment de la thèse de certains théoriciens du roman comme Bakhtine et Lukács selon laquelle le roman moderne serait né des cendres de l’épopée et que monde romanesque et monde épique seraient structurellement incompatibles. Le corpus principal est constitué des œuvres de trois auteurs, Rabelais, Cervantès et Grimmelshausen, mais l’étude sera fondée sur un corpus plus large, englobant les épopées de l’antiquité, les romanzi et les romans de chevalerie espagnols. Il s’agit de montrer que ce sont les textes eux-mêmes qui, par leur complexité, font éclater les dichotomies établies par certains critiques. En outre, comme certains théoriciens l’ont relevé, l’épopée peut s’accommoder de la complexité idéologique, des jeux narratifs et de la multitude des visions du réel, qui jusque-là semblaient être l’apanage du roman moderne. L’objectif est à la fois et d’analyser en quel sens les auteurs se ressemblent dans leur rejet de l’épopée et comment la rencontre conflictuelle entre la parodie et les souvenirs de la littérature épique pose paradoxalement les bases pour l’émergence d’un nouveau type d’épopée, compatible avec le comique et la tendance à l’inachèvement et capable de rendre compte des multiples fissures idéologiques qui parcourent le monde moderne.

This study aims at re-evaluating the relationship between early modern novels and the epic tradition. It reconsiders the thesis of theorists of the novel such as Bakhtine and Lukács according to which the modern novel was born from the ashes of the epic and the world of the novel and the world of the epic are structurally incompatible. This study focuses mainly on the works of three authors, Rabelais, Cervantes and Grimmelshausen, but it is also based on a larger corpus which includes the epics of antiquity, the romanzi and the Spanish romances of chivalry. My first point is that the texts themselves, by their complexity, shatter the dichotomies established by most critics. My second point is that, as a few critics have claimed, the epic can accommodate ideological complexity, narrative games, and multiple visions of reality, which until now seemed to be the prerogative of modern novels. My aim is to analyze in what sense the authors resemble each other in their rejection of the epic and how the conflictual encounter between parody and traces of epic literature paradoxically lays the foundations for a new type of epic with comic aspects and a tendency to incompleteness. It is one that is capable of capturing the ideological tensions of the modern world.