Savoirs sur l'impuissance sexuelle en Espagne (années 1780-1910) : contribution à une histoire de l'hétérosexualité
Auteur / Autrice : | Marie Walin |
Direction : | Sylvie Chaperon, Jean-Philippe Luis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 03/12/2021 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : France Amériques Espagne - Sociétés, pouvoirs, acteurs (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Michonneau |
Examinateurs / Examinatrices : Richard Cleminson, Inmaculada Blasco Herranz | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Renaudet, Frédéric Chauvaud |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Au XIX e siècle, l’impuissance sexuelle est une cause de nullité de mariage en Espagne. Cette thèse repose sur l’analyse de 61 d’entre elles instruites par les tribunaux diocésains de Madrid et Saragosse entre 1777 et 1919 et d’un corpus de sources médicales, juridiques, littéraires et érotiques. À la fin du XVIII e siècle, l’impuissance est définie comme toute incapacité physique ou morale empêchant de pratiquer le coït, et peut donc concerner des femmes. Son traitement juridique et médical traduit la volonté de l’Église d’encourager la procréation et d’éviter les pratiques sexuelles immorales. À partir des années 1840, les savoirs sur la sexualité reproductive se transforment considérablement, donnant naissance à la fin du siècle à une « proto-sexologie » qui bouleverse les savoirs sur l’impuissance. Alors qu’au début du siècle ni le mot ni le concept de sexualité n’existent, à la fin ces nouveaux savoirs, l’approfondissement de la binarité de genre et l’émergence de la notion d’identité sexuelle en font une pathologie masculine interprétée comme le signe d’une virilité défaillante. Autour d’elle se concentrent alors des angoisses consécutives au « Désastre » de 1898 : celles d’une décadence et d’une dégénérescence de l’Espagne autrefois si puissante, qui aurait perdu sa virilité avec l’entrée dans la modernité.