Thèse soutenue

Madame Guyon : portraits de femme en sainte et en autrice (1682-1720)

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Auteur / Autrice : Louise Piguet
Direction : Sophie Houdard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Soutenance le 15/03/2021
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (2005-... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : François Trémolières
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Houdard, François Trémolières, Agnès Guiderdoni-Bruslé, Xenia von Tippelskirch, Alain Cantillon
Rapporteurs / Rapporteuses : Agnès Guiderdoni-Bruslé, Xenia von Tippelskirch

Résumé

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Ce travail de thèse est une étude de cas de Madame Guyon (1648-1717), autrice mystique qui, après la mort de son mari, laisse derrière elle ses deux fils en 1681 pour s’engager dans la fondation d’un couvent de « Nouvelles Catholiques » dans le duché de Savoie. En 1682, elle quitte le couvent et commence une « vie apostolique » indépendante qui se caractérise notamment par l’intense écriture et publication de livres manuscrits et imprimés, état gyrovague pour ainsi dire qui lui vaudra d’être arrêtée une première fois en 1688. Plutôt que de regarder ces écrits du point de vue d’une histoire des idées et des doctrines (approche dominante dans les études guyoniennes), nous souhaitons regarder ces écrits comme autant d’actions qui prennent place dans ce que la sociologie interactionniste appelle une carrière de sainte, que Jeanne poursuit activement. En procédant ainsi, nous déplacerons l’étude du langage mystique comme langage visant l’indicible vers une étude de ce langage comme un ensemble de figures et de règles de formation discursive grâce auxquelles une femme construit une carrière de sainteté mystique et justifie un parcours déviant. Ce faisant, nous voudrions montrer comment Guyon investit des espaces et des activités peu définies pour en exploiter les marges de manœuvre : l’espace de publication « par défaut » qu’est la littérature au XVIIe siècle (Christian Jouhaud, 2000) – ; un univers dévot qui prend part à l’activité pastorale aux marges de l’institution ; la direction spirituelle, fonction qui n’est pas formalisée par les lois canoniques. Nous regarderons les multiples procédures par lesquelles lui a été octroyée une autorité avant sa répression – moment qui coïncide avec l’appropriation pénale de ses œuvres anonymes, contribuant ainsi à lui concéder un statut d’autrice.