Thèse soutenue

La place de l'anthropologie dans le processus de production des innovations : analyse des conditions de production, diffusion et réception de l'anthropologie en entreprise

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Auteur / Autrice : Zoé Grange
Direction : Dominique Desjeux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 11/10/2016
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Monique Hirschhorn
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Desjeux, Monique Hirschhorn, Anne Monjaret, Jean-Claude Ruano-Borbalan, Christophe Rebours
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne Monjaret, Jean-Claude Ruano-Borbalan

Mots clés

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Résumé

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L'ambition de cette thèse est d'interroger une forme d'anthropologie émergente - l'anthropologie appliquée à des projets d'innovation en entreprise - dans un contexte où les opportunités de carrière à l'université sont minces, et l'intérêt des entreprises privées pour de nouveaux profils, croissant. Cette recherche appréhende les conditions de production, diffusion et réception de l'anthropologie appliquée à la consommation et à l'innovation en entreprise. Elle s'appuie pour cela sur les théories sociologiques de la consommation, de l'innovation et des organisations, ainsi que sur l'analyse approfondie du projet « IH » mené au sein de l'agence de design et d'innovation « IP » avec une dizaine d'industries partenaires sur le thème de l'habitat. Les données recueillies en situation relèvent d'une approche anthropologique et d'une approche sociologique qualitative, basées sur l'induction et sur les échelles micro et méso-sociales. Cette recherche questionne l'inscription de la pratique anthropologique dans le processus de production des innovations du projet « IH » comme une innovation pour les champs académique et professionnel, à partir d'une « participation observante » sur le terrain, en interrogeant un système d'acteurs inscrits directement ou indirectement dans une logique de projet. L'analyse des conditions de production, diffusion et réception de l'enquête anthropologique au sein d'un tel projet révèle que la pratique anthropologique se négocie à travers des interactions ancrées dans des relations de pouvoir, se renouvelle en fonction des contraintes et des effets de situation et se diffuse lorsqu'il y a usage, appropriation et donc réinterprétation de la matière. L'appropriation du travail anthropologique repose en effet sur un réenchantement de la réalité en phase de création, notamment parce que les acteurs du projet sont énormément déroutés par les pratiques des consommateurs dans leur espace domestique. Cette recherche suggère finalement que l'anthropologie appliquée à l'innovation et à la consommation au sein de l'agence « IP » est le fruit d'un « bricolage » qui repose sur une transgression du patrimoine académique et des normes régulant les pratiques d'innovation. Cette thèse fait donc l'éloge de la diversité, en reconnaissant la valeur de la pluralité des formes d'application de l'anthropologie ; l'éloge du mouvement, en mettant en exergue une potentielle évolution du paradigme scientifique de l'anthropologie ; et l'éloge du métissage, en montrant que la diffusion suppose très souvent une part de réinterprétation qui n'est pas compatible avec la volonté de préserver la pureté supposée de la pratique anthropologique.