Armée sans frontière : redéploiement économique du pouvoir militaire dans la Turquie néolibérale
Auteur / Autrice : | Gabriela CORTE-REAL PINTO |
Direction : | Béatrice Hibou |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2006 Soutenance le 06/12/2012 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....) |
Mots clés
Résumé
Les points d’insertions économiques militaires turcs étudiés dans cette thèse par le prisme d'une fondation, d'une holding et d'un fonds extrabudgétaire partiellement militaires entre 1961 et 2007, remettent en cause l’ensemble des dichotomies théoriques qui séparent le civil du militaire, le privé du public, le coercitif de la douceur, l’économie du politique, le national de l’international. Cette thèse ne vise donc pas à situer le pouvoir militaire mais bien à mettre en avant par le biais d’instruments économiques hybrides, ses transformations ainsi que leurs significations politiques. La multiplication des instruments économiques militaires hybrides en Turquie ne signifie ni une simple dilution, ni une simple diffusion, ni même la domination des logiques économiques sur les logiques politiques mais bien un redéploiement inachevé, discret dans les deux sens du terme, du pouvoir militaire dans la société, sans application massive et directe de la force. Ils assurent ainsi une forme de « décharge », d’ i« interventionnisme oblique » étatique à travers des modalités indirectes passant par des intermédiaires privés, qui alimente la formation d’une armée tentaculaire, aux frontières poreuses et en perpétuelle reconfiguration. Sources d’autonomie dans l’hétéronomie cette extension discrète de l’armée et de ses relais reste toutefois réversible. Suivant les rapports de force du moment, ces points d’insertions économiques peuvent ainsi renforcer, délégitimer le pouvoir militaire et faire l’objet de réappropriations et de subversions par les citoyens.