Thèse soutenue

À la place des Autres : espace et allochtonie chez les E’nyepa (Panare), Caribes du Nord-Ouest guyanais (Venezuela)

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Auteur / Autrice : Miquel Figueras Moreu
Direction : Philippe Descola
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 15/09/2021
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Montserrat Ventura i Oller
Examinateurs / Examinatrices : Montserrat Ventura i Oller, Philippe Erikson, Catherine Alès, Isabelle Daillant, Ernst Halbmayer, Klaus Hamberger
Rapporteurs / Rapporteuses : Montserrat Ventura i Oller, Philippe Erikson

Résumé

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Ce travail décrit les relations qu’une société amérindienne entretient avec l’espace environnant et les entités qui y habitent. Il se fonde sur une ethnographie menée entre 2011 et 2015 chez les E’nyepa (Panare), Caribes de la Guyane vénézuélienne. L’étude a suivi deux approches alternées: une participation observante du processus de légalisation des terres et une observation participante à long terme dans un même village. L’analyse de ces deux démarches permet de montrer comment les E’nyepa articulent leurs différents niveaux de spatialisation à travers un paradoxe constitutif: une sociologie qui reproduit le modèle idéal- typique guyanais, conformant des sociétés atomisées, acéphales, et cherchant à atteindre un horizon d’endogamie et d’autosuffisance; mais qui paradoxalement déploie de multiples décentrements ayant l’allochtonie et le point de vue d’autrui comme axes de références. Ce paradoxe configure un véritable schème d’inférences où l’approche hétérocentrée, en partie dérivée du monde mythique et onirique, devient un enjeu de savoir, de savoir-faire et de prestige, apanage des sages et des chamanes. Un premier volume composé de cinq chapitres suit le parcours des différents niveaux de l’espace social, de la petite à la grande échelle: le hamac et ses habitants ; la maison et les hôtes ; l’histoire, le territoire et les voisinages ; les découpages territoriaux et l’allochtonie ; et les diplomaties spatio-temporelles. De cette exploration successive se dessinent les traits d’un ensemble culturel mal connu - les Caribes du Nord-Ouest guyanais -, ainsi que les pistes pour une anthropologie de l’espace qui consiste à appréhender l’espace propre en se mettant à la place des Autres. Un deuxième volume compile des données ethnographiques qui soutiennent l’argumentaire : un recueil de mythes, de chants et d’incantations, ainsi qu’un atlas composé de cartes, de planches graphiques et de tableaux.