Thèse soutenue

Étude de l'accumulation de l'hélium aux interfaces oxyde-fer dans des matériaux pour les réacteurs de fusion nucléaire

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Auteur / Autrice : Vinicius Oliveira Cavalcanti
Direction : Aurélie Gentils
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences des Matériaux
Date : Soutenance le 20/01/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Particules, Hadrons, Énergie et Noyau : Instrumentation, Imagerie, Cosmos et Simulat
Partenaire(s) de recherche : référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-....)
Laboratoire : Laboratoire de physique des deux infinis Irène Joliot-Curie (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Jérôme Creuze
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Laure David, Yves Pipon, Dominique Costa, Cécile Gautheron
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Laure David, Yves Pipon

Résumé

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Les aciers renforcés par dispersion d'oxydes (ODS en anglais) sont d'excellents candidats pour les futurs réacteurs nucléaires. Ils résistent bien aux conditions de température et d'irradiation élevées et présentent une bonne performance face au fluage. Les nanoparticules peuvent aussi agir comme pièges pour l'hélium (He) et éviter les fissures dues à l'accumulation de ce gaz. Néanmoins, l'influence de ces oxydes sur le comportement et la diffusion de l'He dans l'acier sont mal connus.L'objectif de cette thèse est une analyse complète du comportement et de la diffusion de l'He dans tous les composants principaux des aciers ODS : matrice ferritique, oxyde d'yttrium (Y₂O₃ ou yttria) et leur interface. Pour cela, des méthodes théoriques et expérimentales sont utilisées d'une manière complémentaire. Les premières sont la théorie de la fonctionnelle de la densité (DFT), la dynamique moléculaire (MD) et le Monte-Carlo cinétique (KMC). Les secondes utilisent des implantations ioniques d'He, suivies de caractérisations du comportement de l'He par microscopie électronique en transmission (MET) et spectrométrie de thermodésorption (TDS). Les échantillons utilisés sont : Fe pur, Fe10Cr, Y₂O₃ avec des grains nanométriques et micrométriques, et un système modèle de couches minces Y₂O₃/FeCr représentant l'interface.Le Fe a été modélisé grâce à la DFT et le KMC pour calculer l'expression du coefficient de diffusion de l'He. Il diffuse fortement à l'intérieur du Fe avec une énergie d'activation de 0,06 eV. La présence de chrome n'a pas modifié les résultats de manière significative, et n'a pas été considérée dans la suite. Toutefois, les lacunes ont joué un rôle en réduisant la diffusion, avec une énergie d'activation de 2,35 eV. Cela provient du pouvoir d'accommodation des lacunes de Fe, où une monolacune peut accommoder entre 10 à 20 He. L'He a été observé également par MET. Les bulles étaient petites, avec un rayon d'environ 0,7 nm, et aucune différence notable n'a été observée entre le Fe10Cr et le Fe pur. Enfin, la TDS a mis en évidence deux mécanismes principaux de désorption de l'He, et le Cr a joué un rôle en retardant la désorption de l'He. Un modèle, développé sur la base de la DFT, est en bon accord avec les données expérimentales.La même méthodologie a été appliquée à l'Y₂O₃. Les sites d'insertion de l'He ont montré une diffusion interstitielle presque 1000 fois inférieure à celle du Fe à 1000 K. L'He semble aussi se disperser sans accumulation. Nous n'avons pas observé de bulles d'He par MET : la dispersion de l'He dans le matériau a évité la formation de bulles de taille visibles par notre microscope. Avec la TDS, nous avons montré un mécanisme simple où la désorption vient surtout du dépiégeage des différents sites interstitiels. Les deux types d'échantillons ont montré un comportement similaire, avec une désorption plus précoce pour celui avec les nanograins (diffusion aux joints de grains). Un modèle a été établi pour la diffusion.Pour l'interface, le meilleur modèle DFT est composé de vide, avec les 2 couches les plus externes gelées et 6 couches pour le Fe et 4 pour l'Y2O3. Ensuite, les énergies d'insertion de l'He et les chemins de migration ont été calculés, montrant que la configuration la plus stable est celle dans l'Y₂O₃ à côté de l'interface. Le matériau modèle a été implanté avec de l'He à différentes températures. Les bulles d'He sont plus grandes autour de l'interface, et sont présentes surtout autour d'elle et du Fe. Elles ont tendance à être un peu plus grandes avec l'augmentation de la température.En résumé, le comportement de l'He a été caractérisé dans les différents systèmes composant les aciers ODS. L'He tend à être plus mobile dans le Fe (sauf lorsque ses lacunes le piègent), diffuse plus lentement dans l'Y2O3 en étant dispersé à l'intérieur de celui-ci, et est plus stable autour de l'interface. Ce comportement tend à confirmer le potentiel des aciers ODS d'être utilisés dans les futurs réacteurs.