Thèse en cours

La Renaissance dans les œuvres romanesques d'Alexandre Dumas

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 11/12/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Laurent Angard
Direction : Luc Fraisse
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littérature et civilisation françaises
Date : Inscription en doctorat le 19/10/2018
Soutenance le 11/12/2023
Etablissement(s) : Mulhouse
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des Humanités (Mulhouse)

Résumé

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On se demandera pourquoi Dumas privilégie, non exclusivement certes, le XVIe siècle dans ses romans historiques. Trois hypothèses générales peuvent être avancées – que notre investigation aura pour tâche d’affiner voire de contredire. C'est tout d'abord un livre d'Anquetil négligemment oublié sur un bureau qui permet à Dumas de découvrir la Renaissance française. De ce souvenir consigné dans Mes Mémoires résulte une première explication – qui est tout simplement le hasard. Beaucoup d’évolutions d’écrivains se construisent sur des faits de hasard, et plus particulièrement s’agissant de Dumas, autodidacte des Lettres, et par là touche-à-tout. Passé cependant ce témoignage flagrant, le hasard conditionnant les choix de notre écrivain constitue une donnée incernable par la critique. On ne saurait en faire un objet méthodique d’étude, mais il ne faudra jamais oublier que les options successives de Dumas, concernant la Renaissance faisant le fond d’un assez grand nombre de ses romans, relèvent aussi de circonstances fortuites, empruntées à ses lectures ou aux données du mouvement littéraire et historique contemporain. À vrai dire, l’hypothèse qui vient en premier à l’esprit, pour expliquer le choix privilégié du XVIe siècle, est une donnée bien connue de l’histoire littéraire : Dumas fait partie d’une génération à dominante romantique, pour laquelle tout choix dans le passé est bon du moment qu’il détrône l’ère classique, d’où résulte, on le sait, la redécouverte du Moyen Âge, mais aussi corollairement celle de la Renaissance. Pour communément reçue qu’elle soit, cette hypothèse – la deuxième que nous sommes incité à proposer initialement – rend difficilement compte de la création romanesque qui est celle de Dumas, lequel consacre divers romans historiques aussi au XVIIe siècle. Au premier XVIIe siècle, répondra-t-on alors, baroque, frondeur, révolté, libertaire (celui du premier théâtre et au-delà de Corneille), par opposition au XVIIe siècle assagi du règne de Louis XIV, prolongé au siècle suivant par celui de Louis XV. Aussi Dumas produira-t-il la saga de Louis XIV et son siècle (1844-1845), La Régence (1849) et Louis XV et sa cour (1866). Or, ce serait méconnaître que le romancier ne dédaigne pas de situer certains de ses romans à l’apogée du classicisme, comme la troisième partie des Mousquetaires, Le Vicomte de Bragelonne (1847-1850) qui se passe aussi entre 1660 et 1673, ainsi que La Tulipe noire (1850, 1672-1675) et les Mémoires d’une Aveugle (1856-1857, 1697-1741). Aussi n’est-il pas nécessaire de s’avancer dans l’étude de Dumas pour mesurer la limite de cette hypothèse – la plus évidente, la mieux connue a priori, mais qui résiste à la réalité du terrain, celui de l’œuvre telle qu’elle a été produite. La troisième hypothèse paraît dès lors mieux résister à la réalité de l’œuvre ; mais elle est peut-être aussi moins attendue. Romancier historique et, on l’a dit, autodidacte des Lettres, Dumas nourrit le sentiment d’être entré en littérature par la petite porte. Le roman historique permet à cet écrivain roturier d’acquérir des lettres de noblesse. Comme Agatha Christie trouve à se revaloriser, comme auteur de romans policiers, en suggérant que Shakespeare fut le premier criminologue à l’ère moderne, l’auteur de La Reine Margot avoue sa roture littéraire, mais entend la racheter aux yeux du monde en bénéficiant, en tant qu’écrivain, de l’univers de la Renaissance qu’il va mettre en scène. Pour nous en convaincre, il ne nous suffira que d’un seul exemple trouvé dans Mes Mémoires, qui illustre notre hypothèse présente. Dumas vient d’arriver à Paris (en 1822, il a 20 ans) pour « réclamer une place » parmi ceux qui « tenaient un rang dans la littérature, les illustrations », parmi « les hommes demi-littéraires, demi-politiques », parmi « ceux qui n’[étaient] pas encore connus », parmi « les femmes dont on s’occupait », parmi les « compositeurs », parmi les « artistes dramatiques". On le voit, cette kyrielle de noms d’auteurs montre assez à quel point Dumas a ses débuts aspire à être accepté dans l’empyrée de la littérature.