Thèse soutenue

Redistribution et fractionnement des terres rares lors de l'altération supergène (latérite de Madagascar) et hydrothermale (expérimentation)

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Auteur / Autrice : Axel Denys
Direction : Emilie JanotsAnne Line Auzende
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Terre Solide
Date : Soutenance le 16/03/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Laurent Truche
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Gautheron, Jean-Jacques Braun
Rapporteurs / Rapporteuses : Damien Daval, Olivier Pourret

Résumé

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Les éléments de terres rares (REE) sont autant de précieux traceurs géochimiques que des métaux critiques indispensables au fonctionnement des sociétés modernes. Comprendre les conditions et les mécanismes de leurs transferts dans la croûte continentale est un enjeu majeur de ce siècle. Malgré de forts intérêts géochimiques et socio-économiques, beaucoup de questions demeurent quant à leur redistribution et leur fractionnement au cours des interactions fluide-roche. Ces lacunes de compréhension proviennent notamment du manque de données thermochimiques sur la stabilité de certains minéraux clés et de la difficulté à contraindre l’ensemble des paramètres intervenant en milieu naturel dynamique. L’objectif de cette thèse est d'évaluer les mécanismes d’altération, ainsi que la redistribution et le fractionnement des REE en conditions hydrothermales et supergènes. Ce travail combine l’expérimentation et l’étude d’échantillons naturels au travers d’une approche multidisciplinaire au travers d’investigations pétrologiques, minéralogiques et géochimiques.Une première série d’expériences en système fermé (batch reactor) a été menée sur des cristaux d’allanite à 200°C en présence de carbonates et de différents ligands. Dans les fluides dopés en fluorures et en phosphates, l’allanite montre une forte réactivité par des mécanismes de dissolution-précipitation et par la formation de couronne réactionnelle, dont l’assemblage minéralogique reproduit de nombreuses descriptions en milieu naturel. Le remplacement partiel par des phases de REE (bastnäsite, parisite, synchysite ou monazite) agit comme un catalyseur sur les réactions d’altération. Les LREE sont alors piégées dans ces minéraux secondaires, tandis que les fluides fractionnent préférentiellement les HREE en comparaison des phases solides. L'augmentation du pH accroît la cinétique, l’intensité des réactions, ainsi que la concentration des REE, du Th et de l’U dans les fluides.L’approche expérimentale s’est étendue à l’altération en milieu dynamique (fluid-through) sous pression à 180 °C d’un système granitique assez riche en allanite, apatite et titanite (Lauzière, Alpes françaises). Pour un fluide de composition H2O + CO2, l’allanite ne montre pas d’évidence d’altération, au contraire de la titanite, de l’albite, de l’apatite et de la biotite. La mise en solution d’ions phosphates par dissolution de l’apatite entraîne la précipitation de phosphates de REE en remplacement de la titanite. L’altération s’initie à partir des surfaces réactionnelles exposées dans les chemins de circulation du fluide (fractures) et se propage en fonction des paramètres cristallographiques du minéral (clivages).La distribution et le fractionnement des REE lors de l’altération supergène ont été évalués dans un profil latéritique (Madagascar) par extraction séquentielle. La procédure a été contrôlée par application sur des phases minéralogiques synthétiques dopées au cérium représentatives de l’échantillon naturel. L’utilisation d'hydroxylammonium hydrochloride, solvant couramment utilisé lors de ces protocoles, montre d'importants défauts de sélectivité. Alors que certaines latérites sont reconnues pour leur enrichissement en REE adsorbées à la surface des argiles, les HREE et le Ce sont ici majoritairement associés aux oxyhydroxydes de Fe (et de Mn) dans l’horizon B enrichi en REE. Le budget des LREE (sauf Ce) dans l’horizon B et de l’ensemble des REE dans les horizons A et C est principalement contrôlé par les phosphates authigéniques (groupes du rhabdophane et de l’alunite-jarosite).Les résultats de ces travaux apportent de nouvelles données pour comprendre les processus généraux de transferts et de mobilité des REE, ainsi que pour contraindre les modèles pétrogénétiques de formation des gisements de REE.