Thèse soutenue

Le retour à la vie civile des ex-combattants en Côte d'Ivoire "post-crise" : que deviennent les jeunes recrues ?

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Auteur / Autrice : Amara Binate
Direction : Jean-Michel Bessette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 13/09/2019
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Laboratoire : Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie (Besançon) - Laboratoire de Sociologie et d'Anthropologie
Jury : Président / Présidente : Dominique Jacques-Jouvenot
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Bessette, Dominique Jacques-Jouvenot, Jean-Vincent Holeindre, Sid Abdellaoui
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Vincent Holeindre, Sid Abdellaoui

Résumé

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Cette recherche porte sur les questions de jeunesse d’après-guerre et de reconstruction « post-crise ». S’inscrivant dans l’amorce d’un ensemble d'études menées sur le territoire Ouest-Africain, précisément en Côte d’Ivoire, elle s’appuie sur une enquête ethnographique conduite auprès de jeunes recrues communément appelées ex-combattants. Face au nombre de trajectoires et parcours de réinsertion sociale qui se dévoilent dans les différentes régions du pays, en des lieux et des temps choisis de la grande ville d’Abidjan, cette thèse est consacrée à celles suivies par des jeunes recrues (ex-combattants) résidant dans les anciennes cités universitaires de deux grandes banlieues périphériques d’Abidjan (Abobo et Williamsville). C’est sous cette optique que le processus de construction de leur réinsertion sociale y compris les dispositifs de réinsertion4 mis en place par les instances dirigeantes pour y parvenir, vont faire l’objet d’un examen critique et d’une analyse approfondie. Comment observer et interpréter ce qui se passe lorsqu’un ex-combattants retourne à la vie civile ? Comment retrouve-t-il un cadre normalisé de relation sociale ? En quoi consiste ce retour à la vie civile ? Est-ce une bonne manière de penser cette réintégration à partir des pôles d’intégration et de production identitaires que sont (le travail, la famille, le voisinage et la citoyenneté) qui, pour nous, forment un ensemble permettant à l’ex-combattant d’être épanoui dans sa réintégration. A partir d’une analyse par « le bas », c’est-à-dire à travers des expériences, des modes de vie et des ajustements qu’ils entraînent pour s’adapter à des situations particulières, nous tenterons de retracer leurs parcours depuis le recrutement, le processus de transformation en soldat, jusqu’à leur vie d’ex-combattants et l’usage qu’ils font des dispositifs. Les analyses successives développées permettent ainsi d’avancer, sinon de tester l’hypothèse suivante : avec le dispositif - au sens de Michel Foucauld5-, préparé par toutes les mesures gouvernementales et internationales antérieures dont il représente à la fois le prolongement et la globalisation, on assiste à l’émergence d’un nouveau mode de resocialisation post-crise, spécifique aux jeunes recrues dépourvues de titres scolaires, originaires des fractions les plus démunies et les plusarriérées des classes populaires. Par mode de resocialisation post-crise, nous désignons à la fois un ensemble d’instances spécifiques, destinées à assurer la prise en charge sociale de ces fractions de jeunes et un ensemble d’activités fondées sur l’alternance démilitarisation/resocialisation, formation et travail, destinées à les préparer aux nouvelles conditions de fonctionnement du marché du travail issues de la crise. Chacun des thèmes correspond à un critère et fera l’objet d’un développement, auquel nous ajouterons des extraits d’entretiens qui appuieront notre analyse. Nous allons nous interroger sur les facteurs d’unité de notre corpus, en exposant les critères pris en compte par l’ensemble de nos informateurs.