Thèse soutenue

Codage de l'information sonore dans le nerf auditif humain à la lumière de la modélisation mathématique

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Auteur / Autrice : Xavier Dubernard
Direction : Frédéric VenailJean-Luc PuelJérôme Bourien
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie Santé
Date : Soutenance le 16/12/2019
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé (Montpellier ; Ecole Doctorale ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des neurosciences de Montpellier
Jury : Président / Présidente : Paul Avan
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Venail, Jean-Luc Puel, Jérôme Bourien, Paul Avan, Sébastien Schmerber, André Chays
Rapporteurs / Rapporteuses : Paul Avan, Sébastien Schmerber

Résumé

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Contexte : La cochlée humaine est capable de coder les sons sur trois décades fréquentielles (0.02 kHz-20 kHz) et 120 dB de dynamique, avec une acuité de l’ordre du Hz et du dB. Cette capacité est assurée par des cellules sensorielles et des neurones auditifs dont on ignore les propriétés fonctionnelles. L’objectif de ce travail est de développer une approche combinant des enregistrements de surface du nerf auditif humain et de la modélisation mathématique pour prédire l’activité sous-jacente des neurones auditifs.Matériel et méthodes : Les enregistrements étaient réalisés au cours d’interventions otoneurochirurgicales chez 14 sujets normo- et malentendants (étude clinique NCT03552224). Les sons étaient émis en champ clos (Etymotic ER1) et l'activité du nerf auditif mesurée par une électrode bille (Ø1,6 mm, Inomed) reliée à un amplificateur Grass P511. La génération et l'acquisition des signaux étaient gérées par une carte de mesure NI-PXI 4461 contrôlée par une interface LabVIEW (National Instrument). Le modèle mathématique de cochlée humaine programmé en langage Matlab (Mathworks) se compose de 200 cellules ciliées internes innervées par 1748 neurones auditifs. Il permet de simuler l’activité unitaire des neurones et le potentiel de surface nerveux en réponse à un même stimulus.Résultats : En réponse à des clics acoustiques, une onde biphasique (N1-P1) émerge des enregistrements dès 40 dB SPL. Son amplitude croît avec le niveau sonore et la latence de l’onde N1 diminue. Les données simulées montrent que les neurones générateurs de l’onde N1-P1 se localisent dans la zone cochléaire codant le 2-4 kHz. En réponse à des bouffées tonales de 20 ms, la réponse du nerf auditif se caractérise en début de stimulation par une onde N1-P1 de forme similaire mais d’amplitude moindre que celle évoquée par un clic. En réponse à des bouffées tonales présentées à 4 kHz, les données simulées identifient les neurones générateurs de l’onde N1-P1 dans la zone du 4 kHz à la différence d’une stimulation à 0.5 kHz où le modèle les identifie dans des zones beaucoup plus diffuses en fréquence (plusieurs foyers disjoints). Pendant la bouffée tonale, la réponse du nerf est caractérisée par une activité phasique verrouillées en phase avec la structure fine du son pur. Les données simulées confirment que cette activité phasique globale est produite par la réponse en verrouillage de phase des neurones. La limite de codage au-delà de laquelle il n’y a plus de réponse en verrouillage de phase est estimée à 2 kHz. En réponse à des bruits de bande tiers d’octave dotés d’une structure fine et d’une enveloppe temporelle, l’analyse de la réponse du nerf auditif permet l’extraction des indices neuronaux spécifiques du codage de l’enveloppe et de la structure fine. L’étude de ces indices chez des sujets normo-entendants (n = 4) ou souffrant d’une surdité ascendante (n = 4) ou descendante (n = 6), montre que le codage de l’enveloppe se dégrade chez les sujets sourds comparativement au codage de la structure fine qui reste robuste même pour des surdités ascendantes.Conclusion : Ce travail identifie les neurones générateurs de l’onde N1-P1 induite par des clics ou des bouffées tonales. Ce résultat pourrait permettre de mieux comprendre les résultats cliniques obtenus de façon moins invasifs par l’électrocochléographie ou par les potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral. Sur le plan de la recherche fondamentale, cette étude met en évidence les indices neuronaux caractéristiques du codage de la structure fine et de l’enveloppe, qui corrélés aux scores psycho-acoustiques (localisation et discrimination des sons, reconnaissance de la parole) pourraient permettre de mieux comprendre la relation entre un déficit neuro-sensoriel et ses conséquences perceptuelles. Plus largement, cette étude montre à quel point le potentiel global généré par le nerf auditif, même lorsqu’il est mesuré en surface, ne représente qu’une modeste fraction des réponses nerveuses unitaires.