Thèse soutenue

Cinéma communautaire et souveraineté visuelle chez les Qom (Tobas) du Chaco argentin

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Auteur / Autrice : Carolina Soler
Direction : Jean-Paul ColleynFlorencia Carmen Tola
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie sociale et ethnologie
Date : Soutenance le 27/03/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universidad de Buenos Aires
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Christophe Giudicelli
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Colleyn, Florencia Carmen Tola, Christophe Giudicelli, Carlos Masotta

Résumé

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À partir de l’année 2008, divers agents de l’État Provincial du Chaco (Argentine) ont mis en place des initiatives vouées à la formation et à la diffusion cinématographiques au sein des populations indigènes de la région. Pour l’occasion, un espace spécifique de cinéma indigène fut créé au sein du Département de Cinéma et Espace Audiovisuel de l’Institut de Culture du Chaco récemment fondé. Partant de notre travail ethnographique sur le terrain, cette thèse prétend d’enquêter et analyser à la fois le surgissement de ce genre de cinéma et nos expériences d’enseignement cinématographique parmi les Qom. Mobiliser le concept de souveraineté visuelle développé par Michelle Raheja (2010) nous a permis de relever un positionnement politique défini dans ces premières expériences de cinéma indigène menées dans le Chaco. Nous révélons de quelle manière cette notion est mise à l’épreuve quand le public hégémonique remet en question l’indigénéité de certaines productions audiovisuelles ou quand ces représentations vidéo sont rejetées par la communauté elle-même. Nous présentons également la notion du cinéma comme médiation —ou cinéma médium—, un cinéma réalisé en communauté dans lequel l’individualité s’estompe généralement et le rôle de l’auteur opère à travers de consensus sociaux singuliers qui impliquent, outre des tensions, la redéfinition des rôles et des stratégies de réalisation. Au-delà du processus même de réalisation d’un film, ce concept traverse également les liens unissant les jeunes réalisateurs et les adultes qui les habilitent, les êtres humains et non-humains, le passé et le présent, le local et le global. Nous avons analysé comment, dans certains cas, la médiation s’élabore à partir d’éléments et d’esthétiques étrangères aux contextes locaux et indigènes, produisant des agentivités innovants. Dans d’autres cas, la médiation se déplace vers l’ontologie même du film et ses affectations. Ceci qui nous a permis d’examiner à quel point le registre audiovisuel opère sur le passage du temps, en fixant l’évanescent et l’éphémère et réinscrivant dans le présent les êtres et les objets ayant sombré dans le passé. Finalement, nous proposons de concevoir le cinéma indigène comme un cinéma inversé qui puisse présenter les épistèmes indigènes sans avoir à relever les impositions des regards hégémoniques.