Thèse soutenue

Des gestes pour combattre. Recherches et expérimentations sur le combat chevaleresque à l'époque féodale : l'exemple du Roman de Jaufré (Paris, BnF, ms. fr. 2164)

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Auteur / Autrice : Gilles Martinez
Direction : Daniel Le BlévecMartín Alvira Cabrer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : HISTOIRE spécialité Histoire médiévale
Date : Soutenance le 26/06/2018
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études médiévales (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Martin Aurell
Examinateurs / Examinatrices : Gilda Caiti-Russo, Gérard Gouiran
Rapporteurs / Rapporteuses : Christiane Raynaud

Mots clés

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Résumé

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Les historiens portent traditionnellement un regard sur le combat féodal très tranchés... et très opposés. Pour les uns, on ne pourra jamais savoir comment on se battait à l'époque féodale (Anglo, Bonfa...) ; pour les autres, la réalité ne devait pas être si éloignée de la littérature (Flori...). Ces avis antagonistes révèlent, selon nous, le fait que le combat féodal n'a pas été analysé précisément et que les bonnes questions n'ont pas été posées, tant sur le plan de l'Histoire que de celle du sport et des arts martiaux. Ainsi, plutôt que de se demander si la littérature donne un juste reflet ou non du combat des XIIe-XIIIe siècle, il appartient plutôt de se poser la question en terme de "principes de combat", et de voir à partir de là, ce qui est juste et ce qui est exagéré. En découle une vision beaucoup plus nuancé, beaucoup plus précise et pouvant servir à une analyse sociétale plus étendue. En effet, en posant la question selon ces "principes", cela amène à comprendre comment les auteurs du temps, ainsi que les artistes pour l'image, ont réussi à transcrire le mouvement dans leurs œuvres respectives : quels outils ont-ils créé, lesquels ont été copiés, améliorés, repris... En somme, au-delà de l'aspect gestuel, c'est une histoire de la pensée qui se dessine. Cette dernière étape fondamentale permet de faire le lien avec l'époque suivante, qui voit l'apparition des traités d'armes et livres de combat, littérature sur le combat non plus fictive, mais technique. Ce domaine de la recherche a intéressé récemment quatre travaux de doctorat, dont le dernier vient tout juste d'être soutenu (septembre 2016). En somme, notre travail - en se plaçant en amont de la période des traités d'armes - indique quels outils la littérature courtoise et l'imagerie essentiellement religieuse de la période des XIIe-XIIIe siècles ont permis d'apporter à la création des premiers livres d'armes. Naturellement, ce ne sont pas les seuls apports. D'autres outils de savoir, comme la diffusion dans le milieu lettré de la scolastique ou de la pensée aristotélicienne, influe sur ces ouvrages techniques. De plus, ceux-ci apparaissent aussi suite à un contexte favorable voyant le développement des salles d'armes, la diffusion de l'escrime dans la société (en particulier dans le milieu bourgeois) et la professionnalisation de la fonction de maître d'armes/d'escrime. Mais nos travaux montrent l'influence significative de la littérature courtoise, laquelle a dû, bien avant les livres d'armes, "montrer" le geste guerrier à un public et l'a fait évoluer sur les trois siècles précédant l'apparition du genre technique. Ce dernier en garde des traces dans ces premiers exemplaires, traces qui expliquent certaines maladresses et dont il ne s'affranchit que progressivement...