Thèse soutenue

Ecomorphisme(s), vers une culture du vivant : formes et évolution d'une symbolique de l'écologie dans l'art contemporain

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Auteur / Autrice : Edith Liegey
Direction : Michel Van-PraëtMichel Van-Praët
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'art et écologie(s), éco-anthropologie culturelle
Date : Soutenance le 18/12/2018
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Alexandre Koyré (Paris)
Jury : Président / Présidente : Bruno-Nassim Aboudrar
Examinateurs / Examinatrices : Michel Van-Praët, Michel Van-Praët, Bruno-Nassim Aboudrar, Jacinto Lageira, Virginie Maris, Claude d' Anthenaise
Rapporteurs / Rapporteuses : Jacinto Lageira, Virginie Maris

Mots clés

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Résumé

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L’écomorphisme — oikos/habitat et morphé/forme — est le résultat d’une adaptation d’une espèce vivante suivant son environnement. Appliqué à l’art, récurrence d’œuvres, scénographies et récits d’expositions, l’écomorphisme est ce processus d’adaptation qui change nos perceptions et notre conscience écologique vers une culture du vivant. Comment des artistes réussissent-ils à créer une relation singulière au vivant qui perdure dans le temps ? Par delà un panorama de formes de nature en crise, des artistes fabriquent des points de vue et des liens singuliers en symbiose avec le vivant. Vu(e) des arbres et des nuages, postes d’observation symboliques de notre environnement —plus de 90 expositions expérimentées in situ— nous avons analysé les relations complexes entre création artistique, effets esthétiques expérimentés in situ, scénographies d’installation, récits d’exposition et prise de conscience écologique. Suivons la piste de l’écomorphisme, (r)évolution silencieuse, tel un envahissement artistique de formes de la nature sauvage au musée et autant de possibilités de rencontres du vivant capables de nous trans-former. Formes contemporaines de la nature, (éco)morphogénéalogie Notre premier corpus de formes s’est révélé à 70% européen —174 artistes internationaux—d’après une classification de 800 œuvres en lien avec les principes d’écologie diffusées —et légitimées— dans les musées en France de 2012 à 2016. Un second corpus est extrait sur la symbolique des arbres, figure statistique la plus fréquente, puis des nuages, objet-symbole émergent au 21e siècle. Une esthétique de la complexité confirme la nécessité d’ordonner ses formes. Ainsi, notre création d’(éco)morphogénéalogie en cinq branches principales est liée aux mouvements dans l’histoire de l’art et de l’écologie à partir de 1916. Nous avons classé les branches —et filiations— par ordre d’importance : 1. biomorphisme écologique (sculptures intra-muros) ; 2. l’art environnemental dans l’environnement extérieur ; 3. l’art écosystème technologique en mimèsis de milieux naturels et artificiels ; 4. l’arte povera et l’art du rebut ; 5. bioart lié à la génétique et l’hybridation du vivant. Vu(e) des arbres au musée-ville, « perchoirs » symboliquesLa singularité du musée « perchoir » réside dans sa capacité à conserver la beauté manifeste de la nature dans la ville. Avatar du monde humain de la ville, le musée cultive des forêts symboliques. Les formes de la nature en crise sont un signal visible symbolique de conscience écologique et de culture du vivant au musée. A posteriori, la singularité et l’efficacité d’œuvres et expositions tient d’un processus de création-observation d’un écosystème in vivo et d’une capacité à restituer des liens avec des êtres vivants. Nous qualifions ces voies de passage fécondes d’écologie artistique (éco)poétique cultivée à la fois dans les objets et la littérature des musées. Nous suggérons que les musées et leurs expositions sont devenus des « perchoirs » contemporains. Sorte d’appel de la forêt symbolique à vivre en lien avec le vivant, le musée-perchoir est un observatoire essentiel d’évolution de nos sociétés.Au-dessus des nuages de crise, théorie de l’écorphisme et prospectiveL’ambiguïté du nuage, objet-symbole, réside autant dans l’annonce du danger qu’il prévient que dans celui qu’il occasionne. Le nuage sert d’inducteur théorique à Aristote, Descartes, Howard ou Damisch. Nos analyses démontrent un Homme en recherche d’un renouvellement de positionnement vis-à-vis de la nature. La place de l’humain n’est plus au-dessus de la nature mais au milieu du vivant via un ADN symbolique commun. Des formes à l’écopoétique singulière et sur-réaliste révèlent une autre réalité que nous ne percevons plus. In fine, l’écomorphisme agit comme la conscience d’un patrimoine génétique où se mêlent formes naturelles et artificielles. N’est-il pas temps de reconsidérer ces formes tel un enjeu culturel d’évolution du vivant ?