Thèse soutenue

Autopromotion, paradoxe et réécriture dans l'oeuvre d'Ortensio Lando

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Auteur / Autrice : Federica Greco
Direction : Serge StolfFrancis Goyet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes italiennes
Date : Soutenance le 24/09/2018
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire universitaire histoire cultures Italie Europe (Grenoble) - Laboratoire Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Chiara Lastraioli
Examinateurs / Examinatrices : Elena Pierazzo, Ulrika Susanna Gambino
Rapporteurs / Rapporteuses : Chiara Lastraioli, Antonio Corsaro

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’objectif de cette recherche est une étude globale de l’œuvre et de la pensée de l’humaniste milanais Ortensio Lando (1506 env.- 1553 env.). Cet auteur, redécouvert par la critique dans les années 70, notamment grâce aux recherches menées par les américains Conor Fahy et Paul Grendler, connaît aujourd’hui un intérêt renouvelé en raison du caractère paradoxal et ambigu de sa production. Mais, si son ouvrage le plus célèbre, les Paradossi (1543), est désormais bien connu par les spécialistes, la plus grande partie de ses écrits reste encore méconnue. Nous prendrons par conséquent en considération tout le corpus de Lando, qui compte au moins une vingtaine d’ouvrages, pour mener une étude complète de son œuvre.Nous porterons aussi une attention particulière à la vie d’Ortensio Lando qui reste encore en grande partie obscure. Nous reprendrons les quelques documents de l’époque qui nous donnent des informations utiles et les différentes théories sur la biographie de Lando, notamment l’hypothèse qu’il était dans sa jeunesse un moine augustin qui aurait par la suite abandonné son ordre pour fuir en France.L’analyse des œuvres permet de dégager trois axes principaux :1) L’autopromotion.Lando employait différents pseudonymes. À notre avis, cet usage était dicté seulement en partie par la nécessité de cacher son identité d’auteur hétérodoxe. L’utilisation de pseudonymes et de jeux linguistiques faisait aussi partie d’une stratégie réfléchie d’autopromotion dont nous analyserons les techniques rhétoriques. Lando était conscient des nouveaux enjeux de l’industrie typographique et démontre qu’il sait les utiliser à sa faveur pour se construire une image de lettré irrégulier et excentrique.2) Le paradoxe.Les Paradossi sont considérés comme la première œuvre du genre paradoxal en langue vulgaire, genre qui connaîtra un énorme succès pendant tout le XVIe siècle. La critique a déjà reconstruit la façon dont l’humanisme a récupéré cette tradition d’origine antique, notamment à travers Lucien de Samosate, elle en a isolé les thématiques principales comme celle "asinienne" et la critique du savoir. Jusqu’à présent, peu d’attention a été accordée aux autres textes paradoxaux de Lando et il manque encore une interprétation satisfaisante des raisons qui se cachent derrière cette stratégie stylistique. Les théories qui considèrent Ortensio Lando comme un antihumaniste, anticicéronien et antiérasmien ne sont pas complètement convaincantes et nous développerons une autre thèse pour expliquer l’emploi du paradoxe : l’ambiguïté du message ne représente ni un refus sceptique de toute position, ni une prise de position contre l’héritage humaniste mais le rejet de toute forme de dogmatisme intellectuel.3) Les formes de réécriture.Si Lando ne peut pas être considéré comme antihumaniste, il est certain que nous nous trouvons dans une période de crise et de changement des modèles littéraires. La problématique sera donc d’analyser quels sont les rapports de Lando avec la culture classique dont il reprend et parodie les genres, et avec la culture humaniste qui bien que critiquée reste au centre de ses œuvres. Nous nous concentrerons aussi sur les raisons qui se cachent derrière l’emploi de longues catalogues d’exemples érudits, tirés surtout de l’Officina de Jean Tixier, en proposant de lier cette pratique à une parodie des dérives de la récupération du savoir classique, se fondant sur les mêmes prémisses de littérature paradoxale.