Thèse soutenue

Invasion de l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus L.) dans les écosystèmes forestiers tempérés : une approche écophysiologique transcontinentale

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Auteur / Autrice : Sabrina Shouman
Direction : Guillaume DecocqThomas Kichey
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences écologiques. Écologie, évolution et biodiversité
Date : Soutenance le 31/05/2017
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences, technologie et santé (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie et dynamique des systèmes anthropisés (Amiens)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Decocq, Thomas Kichey, Annabel Porté, Olivier Honnay, Déborah Closset-Kopp
Rapporteurs / Rapporteuses : Annabel Porté, Olivier Honnay

Résumé

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Les espèces végétales invasives représentent une menace sérieuse pour l'homme dans la mesure où elles modifient et endommagent les écosystèmes du monde entier. La détermination des caractéristiques qui permettent aux espèces invasives de s'installer et de se développer avec succès dans les communautés résidentes est d'importance majeure. Comparer les performances des espèces invasives dans leur région d'indigénat et dans les régions exotiques envahies, d'une part, et mettre en relation ces performances avec celles des espèces indigènes co-occurrentes est une approche possible pour identifier ces caractéristiques. Cependant, ces comparaisons sont rarement appliquées et les données collectées ne permettent pas de comprendre complètement les circonstances de l'invasion. Cette thèse vise à combler cette lacune en cherchant à identifier les facteurs qui conduisent au succès invasif de l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus L.), en France (où il est indigène uniquement au nord-est) et en Nouvelle Zélande (où il est exotique et envahissant). Les objectifs de cette thèse ont été posés dans trois chapitres. Nous avons commencé par étudier la distribution d'A. pseudoplatanus dans sa région d'indigénat en utilisant des techniques de modélisation de la distribution des espèces (Chapitre 1). Nous avons ensuite comparé les caractères fonctionnels et démographiques dans les régions d'indigénat et envahies, dans des conditions de lumière contrastées (Chapitre 2). Enfin, cette étude transcontinentale a été poursuivie en comparant les caractéristiques photosynthétiques et la plasticité phénotypique de l'érable sycomore par rapport aux espèces indigènes co-occurrentes, dans des conditions de lumière contrastées (Chapitre 3). Les résultats montrent que la distribution d'A. pseudoplatanus se décalera vers le sud et vers des altitudes plus élevées où les températures sont plus fraîches en France. Cependant, la distribution réalisée ne confirme pas les prédictions. Ainsi, nous pouvons conclure que l'extension de l'aire de répartition d’A. pseudoplatanus en France ne s'explique pas par les patrons de changement climatique. Les analyses comparées d'A. pseudoplatanus dans sa région d'indigénat et envahie permettent de conclure à de meilleures performances dans cette dernière. Les populations envahissantes étaient caractérisées par une meilleure tolérance à l'ombre, une plasticité phénotypique élevée, une meilleure utilisation des ressources et une croissance accrue des populations. Les comparaisons intra- et interspécifiques révèlent les meilleures performances d'A. pseudoplatanus par rapport aux espèces indigènes co-occurrentes, qui le positionnent à l'extrémité supérieure droite du spectre économique foliaire (leaf economic spectrum), témoignant d'un retour rapide sur investissement. L'efficacité de la photosynthése et de la respiration ajoutée à la plasticité phénotypique ont pu favoriser la supériorité d'A. pseudoplatanus sur les espèces co-occurrentes dans la région envahie. Bien que nous ne pouvons pas complètement exclure des différences génétiques entre les deux régions étudiées (France et Nouvelle-Zélande), nous concluons que le succès invasif pourrait être du à une pré-adaptation aux conditions environnementales prévalant dans les régions concernées en Nouvelle Zélande et/ou à une évolution post-introduction vers de meilleures performances, notamment en raison de l'absence de prédateurs et de pathogènes