Thèse soutenue

Construction de la surexploitation et reproduction des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines : Cas des exploitations agricoles dans le Saïss (Maroc)

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Auteur / Autrice : Fatah Ameur
Direction : Marcel Kuper
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'Eau
Date : Soutenance le 12/05/2017
Etablissement(s) : Paris, AgroParisTech en cotutelle avec Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (Maroc)
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR G-eau (Gestion de l'eau, acteurs et usages, Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Ahmed Bouaziz
Examinateurs / Examinatrices : Ahmed Bouaziz, Tarik Hartani, Bruno Romagny, Ali Hammani, Olivier Petit, Thierry Ruf
Rapporteurs / Rapporteuses : Ahmed Bouaziz, Tarik Hartani, Bruno Romagny

Résumé

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Dans beaucoup de régions semi-arides, l’exploitation des eaux souterraines a accompagné une intensification agricole du type révolution verte, permettant aux agriculteurs de pallier le manque d’eau et de produire des richesses. Mais cela les a aussi amené sur des trajectoires risquées avec des coûts de production élevés et des marchés agricoles volatils. Cela s’accompagne d’une surexploitation courante mettant à risque la pérennité d’une véritable économie agricole basée sur les eaux souterraines. Certaines catégories sociales ne peuvent plus suivre les nappes en déclin et de nouvelles inégalités apparaissent. L’objectif de la thèse est d’analyser comment la construction de la surexploitation de la nappe et la reproduction des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines se renforcent mutuellement. Nous avons choisi de mettre l’usager au centre de l’approche, puisqu’une telle perspective a reçu peu d’attention dans le débat international sur la gouvernance des eaux souterraines. L’étude s’est déroulée dans une zone de 4200 ha de la plaine du Saïss au Maroc. Nous avons développé une méthode pour préciser la contribution des différentes catégories sociales d’agriculteurs à la surexploitation des nappes. Puis nous avons étudié le lien entre la surexploitation et les inégalités (re)produites. Par la suite, nous avons analysé leur effet sur la différentiation socioéconomique des exploitations agricoles. Enfin, nous avons conçu et mis en oeuvre une démarche participative pour impliquer les agriculteurs et les acteurs institutionnels dans une réflexion sur l’avenir agricole de la zone confrontée à cette double problématique. Nos résultats montrent l’importance de la mesure directe des prélèvements d’eau souterraine, en complément des méthodes indirectes, pour expliquer les différences des pratiques d’irrigation des usagers. Ces mesures précisent les contributions des différentes catégories d’agriculteurs à la surexploitation, habituellement imputée à tout le secteur agricole. L’étude montre que la surexploitation ne peut être dissociée des inégalités d’accès et d’usage des eaux souterraines, les deux problèmes s’entretiennent en un cercle vicieux. Cette relation réciproque explique les fortunes contrastées des agriculteurs duSaïss utilisant l’eau souterraine. Les nouveaux investisseurs accumulent des richesses en cultivant des arbres fruitiers subventionnés par l’État et s’engagent dans un processus de concentration foncière. Les locataires avec des logiques productivistes réalisent des revenus considérables au détriment des ressources en eau et en sol. A contrario, les anciens attributaires de la réforme agraire sortent de l’agriculture irriguée, parfois plus pauvres qu’ils n’étaient en accédant à l’eau souterraine. Pris dans une dynamique centrifuge, les plus vulnérables subissent une exclusion socio-économique à cause de la baisse des nappes et la surproduction minant les prix sur le marché, dont ils ne sont pas responsables. Le capital financier étant devenu le facteur clé dans les systèmes de production irriguée, ce boom agraire profite à des agriculteurs entrepreneurs, capables de réunir les facteurs de production. Ceux-ci continueront à exercer une agriculture intensive à forte valeur ajoutée, peut-être jusqu’à l’épuisement de la ressource. Enfin, l’étude interroge les implications de telles dynamiques agricoles à l’échelle territoriale par l’ouverture d’un débat intergénérationnel sur les défis à venir. L’étude a dévoilé l’esprit entrepreneurial des jeunes fils d’attributaires couplé à un ancrage territorial, qui pourraient constituer des atouts majeurs pour un développement plus durable du territoire. La thèse recommande de rendre visibles les inégalités afférentes au problème de surexploitation. (Suite et fin du résumé dans la thèse)