Entre déviance, normalité et distinction : ethnographie des usages cachés de cocaïne
Auteur / Autrice : | Aude Wyart |
Direction : | Richard Rechtman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé et sciences sociales |
Date : | Soutenance en 2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives |
Jury : | Président / Présidente : Nicolas Dodier |
Examinateurs / Examinatrices : Richard Rechtman, Nicolas Dodier, Laurent Bègue-Shankland, Marie Jauffret-Roustide, Michel Kokoreff |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse vise à comprendre comment les usagers cachés de cocaïne - c'est-à-dire ceux qui parviennent à consommer cette drogue illicite tout en restant inconnus des structures sanitaires et répressives - font face aux tensions normatives qui entourent cette pratique. En effet, la cocaïne est tour à tour ou simultanément considérée comme une drogue dure dangereuse, un produit de plus en plus banal et répandu, tout en étant associée à l'imagerie de la réussite sociale. Or les modalités pratiques des consommations et le regard que les usagers portent leurs pratiques dépendent largement de ces éléments de culture et de discours discordants. L'analyse s'appuie sur une ethnographie des usages de cocaïne cachés, menée auprès de trois réseaux de sociabilité différents. L'étude de terrain est complétée par une analyse de discours qui porte sur les éléments de culture fréquemment mobilisés par les usagers. Divers productions culturelles très diffusées contribuent à associer la cocaïne à des esthétiques et des valeurs dans lesquelles les usagers se projettent. Cette substance est ainsi liée à une forme de distinction sociale, ainsi qu'à une certaine idée de la fête comme quête de sensations intenses. A l'inverse, des discours réprobateurs sont également très diffusés, et sous-tendent les normes morales et légales. Ainsi, les données recueillies ne concordent pas avec la thèse de la normalisation des usages récréatifs de cocaïne : ces consommations font l'objet de tensions entre culpabilité et dédramatisation. Certains usagers résolvent ces tensions par l'emploi de techniques de neutralisation, tandis que d'autres élaborent des moralités alternatives.