Thèse soutenue

La peinture d’Histoire en France sous le Second Empire libéral (1860-1870)

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Auteur / Autrice : Oriane Hébert
Direction : Jean-Paul Bouillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 27/10/2016
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire Espaces et cultures (Clermont-Ferrand)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Bouillon, Alain Bonnet, Pierre Vaisse, Pierre Serié, Jean-Claude Yon
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Bonnet, Pierre Vaisse

Résumé

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Genre prestigieux héritier d’une longue tradition, la peinture d'histoire connaît de multiples évolutions tout au long du XIXe siècle. Sous le Second Empire, régime longtemps affecté par sa « légende noire », ce genre restait encore à définir. Il présente des caractéristiques qui l’inscrivent véritablement dans son siècle, tout en lui conférant une originalité : émanation de la peinture d'histoire et de ses mutations dans la première moitié du siècle, précurseur de sa reformulation sous la Troisième République, la peinture d'histoire sous le Second Empire est marquée par la singularité. L’étude des représentations de l’histoire peintes entre 1860 et 1870 en est révélatrice. D’emblée, la corrélation entre les créations et le terme même de « peinture d'histoire » pose question. En effet, tout en se maintenant dans un sujet classique (historique), ces « peintures à sujet historique » se rapprochent tour à tour de la peinture de genre et du genre historique, et sont contaminées par le réalisme et le goût de la couleur locale. Si l’expression académique de « peinture d'histoire » convient encore à la peinture de bataille, cette dernière subit aussi les assauts de la modernité et connaît une mutation sous la forme spécifique de la peinture militaire. La démarche des peintres de sujets historiques présente des récurrences. Un important travail préparatoire, à partir de textes, de sources voire de découvertes archéologiques, est mis au service de reconstitutions positivistes des événements, permettant de susciter l’intérêt du public. Le choix des sujets varie selon les intentions : édifier le spectateur, montrer un passé idéalisé utilisé comme répertoire de sujets émouvants, ou encore exposer une idéologie. Au-delà de la dimension historiciste d’éducation par le passé national, ces œuvres donnent à voir un certain état de la pensée historique, des principaux courants d’idées qui ont influencé les peintres. Plus encore, ces derniers véhiculent et diffusent une conception de l’histoire qui rejaillit sur leur présent par l’intermédiaire de la presse et de l’illustration, et ils contribuent ainsi à construire l’image qui va s’ancrer dans les mémoires. Support traditionnel de propagande et de « fabrication » du pouvoir, la peinture d’histoire conduit à se poser la question des pratiques culturelles du gouvernement du Second Empire. L’instrumentalisation de l’image par l’État est réelle, mais se cantonne aux peintures de bataille et aux figurations du faste impérial. Napoléon III, dans sa politique d’acquisition, s’adapte aux créations plus qu’il ne les génère. En revanche, il exerce une influence indirecte : la mise en scène de sa personne, du couple impérial et de ses goûts historiques, offre une série de thèmes exploités par les peintres. La peinture à sujet historique n’est pas instrumentalisée dans le cadre des envois de l’État. Les élites locales jouent un rôle essentiel dans le développement de ce genre : municipalités et Sociétés savantes, édiles et érudits encouragent les créations sur l’histoire nationale ou locale. La représentation de l’histoire entre 1860 et 1870 donne à voir la place primordiale de l’histoire, dans ses aspects savants et populaires, à échelle nationale et locale, inspirée par le sentiment d’attachement à la « petite patrie » comme à la nation