Thèse soutenue

Chroniques d'une maternité hégémonique. Identités féminines, représentations des mères et genre de la parentalité dans les séries télévisées familiales françaises (1992-2012)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Sarah Lécossais
Direction : Éric Maigret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 19/11/2015
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Communication, information, médias (Paris)
Equipe de recherche : Médias, cultures et pratiques numériques (Paris)
Jury : Président / Présidente : Geneviève Sellier
Examinateurs / Examinatrices : Éric Maigret, Geneviève Sellier, Sabine Chalvon-Demersay, Jamil Dakhlia, Isabelle Garcin-Marrou

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse porte sur l’émergence d’une figure hégémonique de « bonne » mère dans les séries télévisées françaises et sur les impératifs à caractère injonctif qui la caractérisent. Cette recherche en sciences de l’information et de la communication adopte une démarche au croisement de la sociologie des médias, des Cultural studies et des études de genre. Elle s’appuie sur un corpus de séries familiales, produites et diffusées par les chaînes historiques françaises entre 1992 et 2012, constitué à l’aide des outils de l’Inathèque. La méthodologie et le cadre théorique fournissent le socle à une analyse des représentations fictionnelles de la parentalité, de ses discours et des politiques de représentations à l’œuvre.L’analyse qualitative du corpus montre que ces fictions mettent en avant une figure valorisée et légitimée de « bonne » mère. Cette figure consensuelle se caractérise par des impératifs de responsabilité, de communication, de disponibilité, d’amour, de réflexivité ou encore de culpabilité. L’articulation des identités féminines et maternelles se fait sous contrainte, tant la maternité vient phagocyter les autres dimensions identitaires des femmes devenues mères. L’exercice du métier de mère renvoie à des performances, de genre comme de parentalité, tant les héroïnes s’attachent à mettre en pratique les attendus d’une « bonne » maternité. Une approche intersectionnelle, enfin, permet de mettre en lumière que la « bonne » mère, de surcroît, est blanche, de classe moyenne ou supérieure, et hétérosexuelle. Cette thèse montre ainsi que les politiques de représentation à l’œuvre viennent réassigner les femmes à leur genre en faisant la promotion d’identités féminines centrées sur la maternité tout en transformant en injonctions les attentes normatives vis-à-vis de la maternité, participant par là à un mouvement de backlash. La maternité construite par ces fictions est hégémonique dans la mesure où elle est ponctuellement discutée et remise en question par des figures humoristiques contre-hégémoniques. Cependant, la transgression que pourrait constituer l’humour – nombre de ces séries sont des comédies – sert finalement une réaffirmation des normes de genre et de parentalité. Ces séries deviennent ainsi les complices de la promotion d’une parentalité policée et de la normalisation de la vie familiale.