Thèse soutenue

Façonner des citoyens à l'âge de l'information : une étude comparative des premiers programmes de formation en informatique pour enfants aux Etats-Unis, en France, et en Union Soviétique (1970-1990)

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Auteur / Autrice : Margarita Boenig-Liptsin
Direction : Bernadette Bensaude-VincentSheila Jasanoff
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie. Histoire des sciences
Date : Soutenance le 16/11/2015
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Harvard divinity school (Cambridge, Mass.)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement d'accueil : Harvard divinity school (Cambridge, Mass.)
Laboratoire : Centre d'étude des techniques, des connaissances et des pratiques (Paris ; 1989-....)
Jury : Président / Présidente : Xavier Guchet
Examinateurs / Examinatrices : Bernadette Bensaude-Vincent, Sheila Jasanoff, Rebecca Lemov
Rapporteurs / Rapporteuses : Jamie Nace Cohen-Cole

Résumé

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Cette thèse examine la formation des citoyens à l'Âge de l'information en comparant les visions et les pratiques d’alphabétisation et d’enseignement de la culture informatique aux enfants et au grand public aux États-Unis, en France, et en Union soviétique. Les programmes d'alphabétisation et d'acculturation informatique ont été lancés dans ces trois pays dans les années 1970 avec pour objectif l'adaptation des individus à la vie dans la société informatisée telle qu'elle était envisagée par les savants, penseurs et praticiens dans chaque contexte culturel et sociopolitique. La thèse porte sur les idées et influences de trois personnes qui ont joué des rôles importants dans la promotion des initiatives d'éducation en informatique dans chacun des pays étudiés : Seymour Papert aux États-Unis, Jean-Jacques Servan-Schreiber en France, et Andrei Ershov en Union Soviétique. Selon ces pionniers, devenir alphabétisé ou cultivé en informatique signifiait plus qu’acquérir des compétences vis-à-vis de l’ordinateur ou bien apprendre à être un utilisateur passif du micro-ordinateur. Chaque pionnier envisageait une façon distincte d’incorporer la machine dans la manière de penser et d'être des individus -- comme une augmentation cognitive aux États-Unis, comme une culture en France, ou bien comme un partenaire dans l'Union Soviétique. Les hybrides hommes ordinateurs en résultant exigeaient tous une relation ludique à l'ordinateur personnel conçu comme un espace libre, non structuré et propice à l’exploration créatrice. Dans cette étude, je trace la réalisation de ces hybrides hommes-ordinateurs à partir de leurs origines dans les visions des quelques pionniers, de leur incorporation dans le matériel, les logiciels, et les programmes éducatifs, de leur développement dans les expériences locales avec les enfants et les communautés, et, enfin dans leur mise en œuvre à l'échelle de la nation. Dans ce processus d'extension, les visions des pionniers se heurtent à de puissants imaginaires sociotechniques (sociotechnical imaginaries) de l’État. Je montre alors pour chaque cas, comment, suite à la confrontation avec ces imaginaires, les visions des pionniers ne sont pas pleinement réalisées. En conclusion, je propose une lecture de la manière dont les imaginaires du Vingtième siècle de citoyens alphabétisés ou cultivés en informatique s’étendent au-delà de leurs points d'origine et se connectent à des aspects contemporains de la constitution des humains dans un monde informatisé.