Thèse soutenue

Risque trypanosomien et innovation : le cas des éleveurs d'Afrique de l’Ouest

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Auteur / Autrice : Fanny Etienne Bouyer
Direction : Jérémy BouyerEduardo Chia
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie, évolution, ressources génétiques, paléontologie
Date : Soutenance le 17/12/2015
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : Systèmes Intégrés en Biologie, Agronomie, Géosciences, Hydrosciences, Environnement (Montpellier ; École Doctorale ; 2009-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Contrôle des maladies animales exotiques et émergentes (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : François Bocquier
Examinateurs / Examinatrices : Jérémy Bouyer, Eduardo Chia, François Bocquier, Reginald De Deken, Pierre-Benoît Joly
Rapporteurs / Rapporteuses : Reginald De Deken, Pierre-Benoît Joly

Résumé

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Les trypanosomoses animales africaines transmises par les glossines sont une des principales contraintes pathologiques au développement et à l’intensification de l’élevage en Afrique sub-saharienne. Leur contrôle repose sur deux grandes stratégies : la lutte autonome par les éleveurs qui vise à contrôler la maladie de manière à permettre une production rentable, et l’intervention étatique centralisée qui vise dans la plupart des cas l’éradication du vecteur et de la maladie. Cette seconde stratégie s’est amplifiée récemment dans le cadre de la campagne pan-africaine d’éradication des glossines et des trypanosomoses (PATTEC), coordonnée par l’Union Africaine. Je me suis attachée à caractériser les capacités d’innovation des éleveurs face au risque de santé animale et réciproquement à l’effet du contrôle du risque sur les trajectoires d’innovation des éleveurs. Le terrain d’étude a concerné deux pays d’Afrique de l’Ouest: le Burkina Faso et le Sénégal. Au Sénégal, nous avons développé une approche coûts-bénéfices originale d’un projet d’éradication, et montré que les bénéfices attendus dépendent essentiellement de l’innovation, grâce aux gains de productivité dus à la transition des systèmes d’élevage utilisant la race Djakoré trypanotolérante vers des systèmes d’élevage améliorés utilisant des races plus productives trypanosensibles. Au Burkina Faso (bassin du Mouhoun), les objectifs étaient de caractériser la perception du risque par les éleveurs, les stratégies autonomes de lutte et leurs capacités à adopter une nouvelle méthode de lutte contre les glossines, le pédiluve insecticide. Enfin, pour comprendre et anticiper l’impact de l’évolution du risque trypanosomien sur les trajectoires d’innovation des éleveurs et améliorer l’évaluation économique de la campagne d’éradication au Sénégal, une analyse croisée de 10 études de cas a permis d’identifier puis de caractériser les dynamiques locales d’innovation, les logiques d’action et les indicateurs de capacités d’innovation des différents groupes d’éleveurs. Dans les deux sites d’étude, le dynamisme des réseaux socio-techniques auxquels appartiennent les éleveurs et leurs manières de le mobiliser permettent de comprendre l’impact de ce risque sanitaire sur les capacités d’innovation des éleveurs. Ces processus ont été étudiés en mobilisant une théorie de l’innovation, la SAR (sociologie de l’Acteur-Réseau) et en combinant des méthodes d’enquêtes par questionnaire, d’épidémiologie participative et une analyse compréhensive socio-technique inspirée de la méthode du GERDAL (Groupe d’Expérimentation et de Recherche, Développement et Actions Localisées). En perspective, les avancées liées à ce travail dans le domaine de l’hybridation des sciences vétérinaires et sociales sont discutées, et des pistes d’amélioration possibles sont proposées. Un des principaux enseignements de cette thèse est d’ordre méthodologique : une piste est proposée pour l’hybridation de méthodes d’épidémiologie participative et d’une analyse compréhensive socio-technique basée sur les apports de la SAR et du GERDAL.