Thèse soutenue

L’esthétique drag, de la performance travestie à l’art transgenre : usages et contre-usages de la théorie butlérienne

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Luc Schicharin
Direction : Roland Huesca
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts
Date : Soutenance le 12/12/2015
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire lorrain de sciences sociales (Lorraine)
Jury : Président / Présidente : Bernard Andrieu
Examinateurs / Examinatrices : Sam Bourcier
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédérique Villemur

Résumé

FR  |  
EN

Dans Trouble dans le genre (1990), Judith Butler affirme que le drag démontre la structure imitative du genre. Si, dans le sens commun, le drag est souvent rattaché à la performance travestie, nous allons voir avec Butler qu’il recouvre un ensemble complexe de pratiques corporelles (rôles sexuels, modifications corporelles, etc.). Alors, comment s’est constituée la théorie butlérienne ? Quelle est son influence sur les pratiques plasticiennes et sur les théories queer qui lui succèdent, participant indirectement (sinon involontairement) à la construction d'une esthétique drag qui intègre le transgenre ? En premier lieu, nous verrons que Butler étudie la performance drag à travers une anthropologie des artistes travestis élaborée par Esther Newton (Mother Camp, 1972), ainsi que par une critique du transgenre dans les films Paris is Burning (1991) et Boys don't cry (1999). Nous observerons ensuite comment les drag kings, photographiés par l’artiste Del LaGrace Volcano, sont interprétés par Judith Halberstam, à la suite de Butler, comme des performances qui dénaturalisent le genre et engagent parfois le corps des artistes jusqu'à la limite du transgenre. Enfin, à l’appui du philosophe Paul B. Preciado qui théorise sa propre "intoxication" à la testostérone (Testojunkie, 2008), nous aborderons l'art transgenre comme une esthétique biodrag qui incorpore littéralement la théorie butlérienne, en même temps qu'elle l'altère. À travers ces trois moments-clés, nous voudrions montrer comment la théorie butlérienne a produit une esthétique drag en mutation constante qui s'imprègne des grands récits de son temps, mais évolue aussi jusqu'à bouleverser les discours qui l'ont en partie engendrée