Thèse soutenue

La voix-son des personnages à l'aube de la communication de masse : l'exemple des romans de Hugo et de Dickens, et des opéras de Verdi

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Auteur / Autrice : Sonia Arienta
Direction : Lise Queffélec-DumasyAlessandro Di Profio
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts du spectacle
Date : Soutenance le 01/07/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Vanfasse
Examinateurs / Examinatrices : Francis Goyet, Chantal Massol
Rapporteurs / Rapporteuses : Claude Millet

Résumé

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La voix dans sa substance acoustique est un trait primaire dans l'identité d'un individu : c'est une partie de l'habitus social, elle indique l'appartenance à un groupe, à une classe, à une culture. L'importance de la gestion vocale, déjà mise en évidence par la Actio dans la rhétorique, réside dans la capacité de susciter ou d'éteindre les émotions et l'attention ; d'exercer le pouvoir de persuasion d'un discours, soit auprès d'une grande audience, soit auprès d'un seul interlocuteur.En fonctions des contextes, elle se pose comme un instrument d'échange, de dévoilement de l'intériorité, de contrôle (de soi et des autres). Par rapport à ces conditions, cette recherche porte sur l'imaginaire vocal de la période 1830-1871, très conflictuelle au niveau politique-social, avec des establishments restaurateurs en lutte contre des spectres révolutionnaires. Une période qui témoigne, aussi, d'un renforcement de la notion d'opinion publique et de la naissance de produits annonçant la communication de masse, où la persuasion exprimée par la voix, acquiert un rôle de premier plan. On considère donc l'emploi de la voix dans une typologie spécifique de conversations, celles qui sont insérées dans les produits culturels pour le grand public, comme le roman et l'opéra à cette époque-là. Les dialogues fictifs « transfigurés », assignés aux personnages sont analysés comme une forme particulière des témoignages d'une période dépourvue de technologies d'enregistrement audio. Grâce à la diffusion minutieuse sur le territoire et à l'emploi socialement stratifié, le mélodrame en Italie, le roman en France et en Grande Bretagne, sont parmi les principaux instruments dans la circulation des idées et, par conséquent, dans la proposition de modèles de comportement et de goût. Ces textes permettent de se mesurer avec le rôle et avec les fonctions de la voix, révélateurs de rapports sociaux filtrés par les auteurs. Notamment, lorsque ces derniers sont Victor Hugo, Giuseppe Verdi et Charles Dickens, des monuments nationaux de la société post-Révolution et appartenant à des cultures et à des modèles d'Etat, avec des problématiques spécifiques et ayant un rapport différent avec 1789. Le concept-clé, dans cette recherche, est le rôle d'interstice de la voix-son dans le texte écrit, par laquelle, selon notre thèse, émergent des informations fondamentales (et conflictuelles) sur la vision du monde proposée et sur la société d'appartenance, au-delà de ses stratégies officielles de communication. En particulier, par rapport au contrôle des émotions et à l'exercice du pouvoir, à l'intérieur et à l'extérieur du cadre de l'intrigue, c'est-à-dire entre les personnages-individus et entre l'auteur et le public. La Première Partie analyse l'habitus vocal ; les rapports de pouvoir, le jugement des différentes émotions reconnaissables dans les modèles du comportement vocal proposés même au niveau subliminal ; le degré d'ouverture ou de défense dans la communication. Soit dans le protagoniste-locuteur (avec ce qui ensuit, même en fonction de sa crédibilité, de son ethos) ; soit dans les personnages principaux engagés dans des conversations significatives, concernant la sphère affective (entre partenaires, parents et fils) et celle politique (entre sujets et souverain). La deuxième partie s'occupe du rôle de la voix-son par rapport aux autres deux éléments de la persuasion, pathos et logos. On prend en considération les problématiques posées par les protagonistes comme orateurs, par rapport à leurs performances dans les points principaux du texte (exorde, finale, dialogues où le personnage principal joue son destin). On porte l'attention sur l'Actio et sur la « bienséance », sur leurs effets référés aux personnages à l'intérieur de l'intrigue, aussi bien que sur le conséquences vis-à-vis du public. Notamment émerge le sens attribué à la parole-sonore, à une forme paradoxale « d'oralité écrite », ou « d'écriture oralisée » dans la société du XIX siècle.