Thèse soutenue

L'imminence de la catastrophe au cinéma. Films de barrage et films sismiques.

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Auteur / Autrice : Lúcia Ramos Monteiro
Direction : Philippe Dubois
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études cinématographiques
Date : Soutenance le 10/01/2014
Etablissement(s) : Paris 3 en cotutelle avec Universidade de São Paulo (Brésil)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Paris)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Philippe Dubois, Ismail Xavier, José Moure, Laurence Schifano, Eduardo Morettin

Mots clés

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Résumé

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Et s’il y avait quelque chose de proprement cinématographique dans l’idée de « catastrophe », dans le mouvement spatio-temporel cycliqueindiqué par son étymologie ? À partir de cette hypothèse, notre recherche a voulu articuler « cinéma » et « catastrophe » sous la perspective del’imminence. Sans ajouter au débat sur l’irreprésentabilité (la Catastrophe impliquerait la ruine de la représentation) ni nous attarder sur lareprésentation de la ruine (ce qui reste après), nous avons décidé d’examiner l’horizon catastrophique.Comment savoir qu’une catastrophe est à venir ? Quelle image le cinéma peut-il produire dans l’imminence de la catastrophe ? De telles questions ont été abordées dans deux corpus principaux, que nous avons nommés « films de barrage » et « films sismiques ». Les barrages hydrauliques et les phénomènes sismiques d’ordre naturel (tremblements de terre et éruptions volcaniques) constituent des motifs pour le cinéma depuis ses origines, présents notamment chez les Lumière ou chez Méliès. Dans le premier cas, nous analysons des images cinématographiques de paysages et modes de vie voués à disparaître. Tourné dans la ville chinoise de Fengjie peu de temps avant qu’elle ne soit engloutie par le barrage des Trois Gorges, Still Life (2006) de Jia Zhang-ke fut un opérateur critique au sein de ce premier ensemble. Dans les films du second groupe, nous nous sommes intéressés après-coup aux images tournées avant le désastre : la pellicule, la bande magnétiqueou les fichiers numériques sont-ils en mesure d’anticiper visuellement la catastrophe à venir ? Nous avons observé cette configurationtemporelle dans Sans Soleil (1983) de Chris Marker, et dans deux longs-métrages d’Abbas Kiarostami, Où est la maison de mon ami ?et Et la vie continue, unis et séparés par le tremblement de terre du Gilan (1990) qui a détruit les villages où les films avaient été tournés.L’imminence de la catastrophe se fait notamment sentir dans les situations de faible visibilité, comme une ombre surplombant le personnage et menaçant de le recouvrir complètement, ou comme un relief entraperçu à l’arrière-plan à travers le brouillard. S’il existe quelque chose de proprement catastrophique dans le cinéma, il relève alors de l’instabilité éprouvée par chaque photogramme condamné à disparaître au nom du suivant, dans cet intervalle (presque) invisible qui les distingue et les raccorde.