Thèse soutenue

Sartre, critique des poètes

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Auteur / Autrice : Bilel Salem
Direction : Jean-Yves Debreuille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et arts
Date : Soutenance le 07/11/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages XX-XXI (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Guy Lavorel
Examinateurs / Examinatrices : Mustapha Trabelsi, Jean-Pol Madou

Résumé

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Ma thèse traite d’un aspect de la critique sartrienne : la critique poétique. Elle se présente sous forme de triptyque. En effet, chaque partie traite de la figure d’un poète. Dans les deux premières parties de ma thèse, j’aborde deux poètes du XIXème siècle : Baudelaire et Mallarmé. Les deux livres qui m’ont servi de support pour étudier cette critique poétique sont le Baudelaire de Sartre et Mallarmé, La lucidité et sa face d’ombre. Ces deux essais ont radicalement bouleversé la manière avec laquelle on appréhendait jusqu’à là la figure de ces deux poètes. Si le XIXème siècle en a fait des monstres sacrés qui ont apporté la nouveauté dans le genre poétique, Sartre quant à lui, sape certaines idées reçues. Baudelaire est le premier à qui il s’attaque en dénonçant son désengagement. Il critique son dandysme outrancier qui en a fait selon lui un poète stérile. Cet essai est aussi l’occasion pour Sartre d’exposer sa théorie de l’existentialisme et de montrer que l’Engagement et la Littérature vont de pair et illustrent la liberté de l’Homme. Dans la seconde partie qui traite de Mallarmé, la lucidité et sa face d’ombre, la critique poétique se mêle à la critique historique. Sartre commence par brosser un tableau de la société du XIXème siècle en mettant l’accent sur le désœuvrement de ce siècle. Mallarmé semble comme Baudelaire illustrer une certaine forme de désengagement. Pourtant Sartre semble omettre un élément essentiel, c’est que ces poètes de la deuxième moitié du XIXème siècle font partie de ce que l’on appelle « Les Héritiers de l’athéisme ». Mallarmé dévoile l’absence d’un Dieu en caressant l’idée du suicide. Celui-ci apparaît dans ses poèmes puisque le poète expérimente sa propre mort comme pour réaffirmer l’absence de Dieu. En conséquence, il existe une liberté inhérente à ces deux poètes que sont Baudelaire et Mallarmé, mais cette liberté est bien différente de la liberté sartrienne qui se conçoit comme un absolu. Enfin dans la troisième partie de la thèse, c’est Genet qui est à l’honneur. Sartre manifeste là toute son admiration pour ce génie créateur qui a su assumer pleinement ses choix et qui n’a cessé de revendiquer la singularité de son être. La conception que se fait Genet de l’existence se situe aux antipodes de l’attitude baudelairienne. Chez Genet, la poésie s’est imposée comme un acte libérateur. Sartre n’hésite pas à comparer parfois indirectement les poètes. En effet, à ses yeux Baudelaire ne s’est aucunement illustré dans le mal. Genet, lui, par contre a fait de ce mal une véritable splendeur. Il l’a célébré et a fini par l’incarner. En abordant la destinée singulière de trois poètes, Sartre illustre en même temps sa propre philosophie existentielle. Il démontre l’absence d’un Inconscient qui expliquerait toutes nos actions et réaffirme la liberté absolue de l’Homme.