Thèse soutenue

Pratiques funéraires et identité biologique des populations du Sud Caucase, du Néolithique à la fin de la culture Kura-Araxe (6ème - 3ème millénaire av. J.-C.) : une approche archéo-anthropologique

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Auteur / Autrice : Modwene Poulmarc'h
Direction : Alain Beeching
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, histoire et civilisations des mondes anciens
Date : Soutenance le 11/09/2014
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéorient Lyon
Jury : Président / Présidente : Henri Duday
Examinateurs / Examinatrices : Bertille Lyonnet, Françoise Le Mort, Frédérique Valentin

Résumé

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Les restes humains et les pratiques funéraires allant du Néolithique à la fin de la culture Kura-Araxe (6ème au 3ème millénaire) n’avaient jusqu’à aujourd’hui fait l’objet d’études approfondies. Afin de contribuer à une meilleure connaissance des pratiques funéraires et des caractéristiques biologiques de ces populations il a été entrepris de réévaluer les données publiées, de réexaminer les restes humains issus de fouilles anciennes et de mettre à profit l’apport de données issues des fouilles récentes dans la région, cela au travers d’un nouveau regard, celui de l’archéothanatologie. L’analyse détaillée des gestes funéraires a été mise en relation avec une analyse du recrutement funéraire, mais également avec une analyse anthropologique incorporant divers paramétres (morphologie et morphométrie, variations anatomiques non métriques, indicateurs de stress et pathologies).Sur l’ensemble du Sud Caucase, 132 sites où la présence de sépultures est attestée : cinq pour le Néolithique, 21 pour le Chalcolithique et 111 pour la culture Kura-Araxe. La réévaluation des anciennes données a permis de répartir les sépultures en sept catégories: les tombes en fosses, les inhumations dans les contenants en céramique, les tombes construites de formes variables, les tombe en fer à cheval, les cistes, les kourganes et les tombes surmontées en surface d’un amas de pierres. Les tombes néolithiques sont rares : il s’agit de tombes en fosse associées à l’habitat, dans lesquelles les individus sont en position fléchie sur l’un des côtés. Les sépultures chalcolithiques sont un légèrement nombreuses qu’à la période précédente. Trois nouveaux types de tombes apparaissent : les inhumations dans un contenant en céramique, les kourganes et les tombes surmontées d’un amas de pierres. Les tombes en fosse demeurent les plus nombreuses, et toujours en lien avec l’habitat ; les défunts sont le plus souvent inhumés en position fléchie sur l’un des côtés. Par ailleurs, les inhumations dans un contenant en céramique semblent destinées à accueillir les très jeunes immatures. Le kourgane marque les débuts de la dissociation entre le lieu d’inhumation et le lieu d’habitat, qui débute à la fin du Chalcolithique, se poursuit dans la seconde moitié du 4ème millénaire et semble se généraliser à partir de la première moitié du 3ème millénaire. Le signalement des tombes en surface apparaît lui aussi au cours du Chalcolithique, traduisant un changement des mentalités. On assiste au cours de la culture Kura-Araxe à une augmentation frappante du nombre de sites où la présence de sépultures est attestée. Les types de tombe se diversifient : outre les tombes en fosses, les kourganes et les tombes surmontées en surface d’un amas de pierres, qui perdurent, trois autres types de tombe apparaissent : les tombes de formes variables, les cistes et les tombes en fer à cheval. Cette diversification illustre une multiplicité des pratiques. En revanche, la diversité observée au niveau des types de tombe s’oppose à une grande homogénéité dans le positionnement des individus : la position fléchie sur l’un des deux côtés domine clairement. Des cartes de répartition des sites ont été établies en fonction des différents types de tombes identifiés et des modes de dépôt des défunts. Enfin, les méthodes de l’archéothanatologie ont permis de mieux appréhender les modes de dépôts et de mettre en évidence des gestes insoupçonnés (position assise, lien de contention, contenant en matière périssable). Cette recherche offre la possibilité d’avoir un regard d’ensemble sur les populations vivant au cours de ces périodes dans le Sud Caucase. Des gestes et des pratiques funéraires jusque là insoupçonnés ont été mis en lumière grâce à l’emploi des méthodes de l’archéothanatologie.