Thèse soutenue

Boire avec les morts et la Pachamama : une anthropologie de l'ivresse rituelle et festive dans les Andes boliviennes

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Auteur / Autrice : Céline Geffroy Komadina
Direction : Joël Candau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, demographie
Date : Soutenance le 12/04/2013
Etablissement(s) : Nice
Ecole(s) doctorale(s) : ED-86-Lettres sc. Humaine
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Anthropologie et de Psychologie Cognitives et Sociales-EA 7278 (Nice ; 2012-2016)
Jury : Président / Présidente : Thérèse Bouysse-Cassagne
Examinateurs / Examinatrices : Joël Candau, Thérèse Bouysse-Cassagne, Isabelle Bianquis-Gasser, Valérie Robin Azevedo, Gilles Rivière

Résumé

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Engager une anthropologie de l’ivresse rituelle et collective dans un contexte festif – notamment funéraire - andin s’avère un champ de recherche fécond et fascinant tant la chicha, cette boisson épaisse de maïs fermenté, contient tout un monde de significations et l’ivresse, dont elle découle, favorise diverses formes de mise en relation avec le monde animé environnant et avec les morts. En ce sens, elle est performative puisqu’elle permet à ces entités d’exister et de devenir de sérieux interlocuteurs pour les humains. À partir d’une ethnographie dans la région andine de Cochabamba (Bolivie), dans la communauté paysanne quechua de Qhoari et dans le village également quechua d’Arani, l’ébriété et le boire collectif sont analysés comme une action qui consolide le lien social, renforce l’identité de groupe et rapproche du sacré. L’ivresse est alors recherchée, désirée et valorisée. En somme, elle est un moyen de communication qui permet d’établir des relations réciproques aussi bien entre les humains eux-mêmes qu’entre ces derniers et la Pachamama, tous les êtres qui peuplent la nature animée. C’est à travers la boisson alcoolisée que les hommes font entendre leurs requêtes auprès de ces entités surnaturelles car ce n’est qu’en état d’ébriété avancée que l’on peut dialoguer avec elles, qu’elles nous apparaissent en alter ego. En effet, l’humide est symbole de vie, le sec renvoie à la mort. Les offrandes de libations et les sacrifices sanglants favorisent la réhydratation et l’alimentation des entités diaboliques et des morts. Prolongeant cette réflexion, c’est à travers des mécanismes somme toute très proches de ceux à l’œuvre lors des offrandes que le corps du buveur, saccagé par l’alcool, presque moribond, prend tout son sens sacrificiel.