Thèse soutenue

Prendre la parole en Ouganda : critique et citoyenneté sous l'hégémonie du mouvement de résistance nationale (NRM)

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Auteur / Autrice : Florence Brisset-Foucault
Direction : Jacques Gerstlé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2011
Etablissement(s) : Paris 1
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Richard Banégas, Dorothea Elisabeth Schulz, Yves Sintomer
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-François Bayart, John Lonsdale

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Une approche combinant ethnographie, sociologie et histoire des phénomènes de discussion et de prise de parole permet de mieux comprendre les formes de la citoyenneté, les registres de la critique et, au final, l'exercice du pouvoir. En prenant l'exemple de discussions en assemblée diffusées en direct à la radio en Ouganda, les ebimeeza, cette thèse se veut une opportunité de reposer la question de «l'espace public» en la confrontant à une démarche de sociologie historique du politique et en posant la question des modalités de son transfert dans un cadre extra-européen. Prendre l'Ouganda comme cadre de cette étude s'avère particulièrement heuristique du fait de la nature spécifique du régime du Mouvement de résistance nationale (NRM) en place depuis 1986. A travers une série de « compromis hégémoniques » avec différentes forces politiques, les élites du régime ont mis en place un système politique original, la « démocratie du Mouvement » caractérisé par la diminution drastique de l'activité des partis politiques, la mise en place de dispositifs participatifs au sein desquels la prise de parole populaire se voyait attribuer un rôle souverain au niveau local et la réduction des institutions précoloniales, notamment le puissant royaume du Buganda, à un rôle «culturel». En partant de l'exemple des ebimeeza, cette thèse propose de décrypter la manière dont les élites du NRM ont tenté de façonner la parole médiatique et imaginé un «espace public bifide», caractérisé par une séparation entre la parole des élites éduquées et urbanisées et celle des classes populaires rurales. Si, dans un mélange de coercition et de compromis notamment avec les journalistes, l'ambition hégémonique du régime a relativement bien réussi, les ebimeeza sont aussi le creuset de modèles spécifiques «d'espaces publics», notamment d'un «espace public royaliste», lui-même un observatoire des débats internes au royaume du Buganda et de sa tentative de redéfinir sa place et sa nature sous hégémonie.