Thèse soutenue

L'esthétique fonctionnelle de l'appareillage informatique comme ancrage phénoménologique de l'oeuvre à l'époque des immatériaux

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Auteur / Autrice : Julien Honnorat
Direction : Michel Guérin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts plastiques et sciences de l’Art
Date : Soutenance le 09/06/2011
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langues, Lettres et Arts (Aix-en-Provence ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'études en sciences des arts (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Michel Guérin, Frédéric Guerrin, Pierre-Damien Huyghe, Jean-Claude Le Gouic

Résumé

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Nous ne sommes plus à l’âge où les destructions poétiques d’appareils se voient car les régimes d’appareils sont devenus transparents : lorsque nous pressons un écran tactile, nous touchons ce que nous ne voyons plus, nos empreintes, et nous voyons ce que nous ne toucherons jamais, le plan numérique. Pour l’artiste contemporain, l’interface haptique – point d’orgue d’une technologie stéréotypée de la percussion – est le parergon d’une échelle inédite, toute tactile. De la machine à écrire aux claviers de plus en plus fins du design informatique, à mesure que l’on croit voir le bloc imaginaire céder sous la pression ergonomique de l’empire cybernétique, se palpe en fait un réel d’emblée en dehors des formes et à l’intérieur de notre doigté. C’est l’espace de la corne aux doigts. Ce transfert, cette remontée du point d’impact dans son élan, ce retour de la forme dans sa structure font du moment de touche – de l’appareillage comme manœuvre de départ – un isolat capital pour reposer la question de la sculpture à l’époque des immatériaux. Bien en face et à contre-courant de la surface informatique, une épaisseur sensible fonctionnelle aurait lieu et pourrait donc faire œuvre ; telle est la thèse proposée ici. Le comportement machinal de l’utilisateur d’interfaces sera considéré comme un modèle poïétique ou pensé comme une partie de l’imagination en attente de traduction plastique. Pendant que se joue l’expérience rythmique de l’interactivité, le corps ne doit-il pas fournir un effort perceptif pour ne pas s’absenter dans une partition photo-digitale jouée par avance ? Ne doit-il pas exprimer son ancrage particulier, calleux et bruissant – nous l’appellerons dactylo-phonique – au contact de la matière du monde ? Sans cette expression, jamais le design technologique contemporain, bi ou tridimensionnel, modélisé et assisté par ordinateur, n’entamera de rapport véritablement efficient avec le réel de nos habitudes et de nos démarches ; bref avec tout le poids incarné de notre conscience imageante : la perte d’indicialité instaurerait-elle un type introverti de phénoménalité ?